Vu que c'est la semaine pour parler du harcèlement de rue, j'en parlais vite fait à une pote qui a été drôlement choquée par une de mes anecdotes. (et je ne peux pas la blâmer mais aujourd'hui, ça me fait "rire" alors que ce n'est absolument pas drôle
)
Du coup, je pose ça ici.
J'avais 15 ans et je revenais du lycée et j'avais l'habitude de prendre une petite ruelle comme raccourci. Je rentrais alors qu'il faisait nuit noire (on était en hiver) et je pense que ça a pas mal joué sur le fait qu'un monsieur s'est senti dans son bon droit de pisser dans un coin tranquillou, sans que les habitants des maisons avoisinantes n'y fassent vraiment gaffe en jetant un simple coup d'oeil par leur fenêtre. Manque de bol, j'étais là.
Et le genre à se faire appeler "le fantôme" tellement je suis discrète parce qu'on ne m'entend pas arriver.
Du coup, il était vraiment surpris de me voir. (je te rassure, mec, j'étais pas ravie de te voir non plus
)
La réaction normale aurait été qu'il remette tout son barda en place et qu'il s'éloigne, gêné. Hé bien si vous saviez tout ce que l'audace et le culot arrive à vous faire faire.
Le mec est resté planté là, la bite à l'air, à me regarder m'éloigner. J'ai commencé à avoir peur et j'avais bien raison. Ne le voilà-t-il pas qu'il m'appelle et me dise : "Hé, ça te dit de la voir d'un peu plus près ?" J'ai pas attendu une quelconque suite et j'ai fui en courant.
Mais non, je ne pouvais pas m'en sortir comme ça, le voilà qui me court après lui aussi !
Et la ruelle n'était pas large mais longue, j'ai cru que je n'allais jamais arriver au bout. Pas de chance pour lui, la ruelle débouchait sur une avenue assez fréquentée, il n'a pas osé me suivre une fois que je l'avais atteint. N'empêche, j'ai grave flippé ce jour-là, qu'est-ce qu'il aurait fait s'il m'avait rattrapée ?
Et le meilleur de l'histoire ? Je ne suis bien évidemment pas repassée par la ruelle mais je devais de toute façon repasser par cette avenue et par la même occasion, devant la ruelle.
Le lendemain, il était toujours là
et il m'a fait coucou de loin
mais ça va, j'ai
pas du tout flippé une deuxième fois
Ce qui m'énerve, c'est que les rares fois où j'ai raconté cette anecdote, les gens ont minimisé la chose en mode "Ça va, ça ne t'a pas tué" (ah ben vu qu'il ne m'a pas rattrapé, non, effectivement, mais c'était bien son but initial - de me rattraper, pas de me tuer - quoique, j'étais pas dans sa tête
) Et bien sûr, la minimisation venait en majeure partie de la part de mecs. (dois-je être surprise ?
) C'est quand même dingue, ça leur arriverait, je suis sûre qu'ils nous en parleraient pendant des heures avec moult détails et on n'aurait pas d'autre choix que de compatir.
Mais non, vu qu'ils ne le vivent pas, ça ne doit pas être bien grave. Bien évidemment, la logique voudrait qu'on considère que ce mec était à moitié dingue et du coup, a dit un de mes potes, "il n'y a pas de quoi y voir une énième lecture sexiste" mais comme je lui ai répondu : "Et toi, il t'aurait poursuivi parce que t'es un mec ?" et la réponse étant bien évidemment non, celui-là a au moins fermé sa gueule.