Bonjour à toutes !
Je viens ici afin de tenter d'apaiser ma frustration face au sexisme ordinaire considéré encore aujourd'hui comme une normalité pour certaines personnes.
Aujourd'hui j'ai vécu une situation qui ne devrait pas exister et qui n'aurait jamais dû exister.
Aujourd'hui, comme souvent d'ailleurs, j'ai dû composer avec plusieurs hommes au volant de leurs voitures qui ralentissaient pour mieux me regarder avec insistance, sourire pervers aux lèvres. Avec le temps, c'est triste à dire, mais on s'habitue à ce genre de comportements inacceptables, on se renferme, on accélère le pas, on s'évertue à ne pas céder à la peur. Et c'est ce que j'ai fait.
Mais il y a eu ce moment où une camionnette s'est arrêtée pour me laisser traverser la rue, sur le passage piéton. J'ai eu l'impression, une fraction de seconde, que je tombais sur des gens civilisés. Je les ai remerciés en souriant.
Ils ont attendu que je sois juste devant le capot pour faire rugir le moteur, je me suis jetée sur le trottoir et quand j'ai regardé derrière moi, ils étaient déjà repartis en riant.
Parce que visiblement c'était la blague de l'année à leur yeux, alors qu'aux miens c'est une énième agression n'ayant pour seule justification le fait que je suis une "petite jeune fille". C'est simple pour eux, qu'est-ce qu'ils risquaient à deux derrière le pare-brise de leur véhicule face à moi ?
Partagée entre colère et état de choc, je me décide (non pas sans appréhension) à aller en parler à la gendarmerie. Je savais que je ne pourrais pas porter plainte, je n'ai pas relevé le numéro d'immatriculation, sans compter le fait qu'ils ne m'ont pas vraiment foncé dessus, je suis encore vivante pour venir leur signaler, ce n'est pas grand chose hein, juste une mauvaise blague ! (ironie)
Ce dont je ne me doutais pas en revanche, naïve que je suis, c'est que je me retrouverais face au sexisme ordinaire que je fuyais le matin même dans la rue.
Au moment où le policier m'a demandé quel était le modèle du véhicule, j'ai pu voir son supérieur se tourner vers lui et lancer le plus sérieusement du monde :
- "Mais enfin, tu vois bien que c'est une bonne femme, comment tu veux quelle connaisse le modèle du véhicule, elle ne doit même pas connaitre le sien."
Il n'y a pas eu de moment de gêne, ils ont déclaré que s'ils les croisaient, ils leur diraient que ce n'est pas bien, merci, bonne journée mademoiselle.
Je suis repartie avec l'impression amère que la société est comme ça et le restera, que ceux et celles qui osent s'indigner face à ces situations seront toujours enfermé(e)s dans la case marginalité/bien-pensance/hystérie/utopie/exagération par ceux qui refusent de comprendre que ce n'est pas normal de vivre ces situations et d'encaisser ce genre de remarques sous le prétexte que l'on est une femme.
C'est un long coup de gueule et il ne représente pourtant même pas un tiers de la fatigue et du désespoir que je ressens ce soir.
Mais ça fait du bien de pouvoir l'écrire ici.
Bisous les Madz
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