Le phénomène est connu aussi pour la période préhistorique très ancienne (type néandertal, australopithèque etc.). En fait, certaines des découvertes faites par les paléotolongues portaient sur d'autres espèces proches de l'humain et par conséquent, le squelette pouvait être différent. Les chercheurs partaient souvent du principe qu'un squelette était féminin à cause de la gracilité des os ou de la petite taille mais souvent, il n'y avait pas de comparaison possible avec un autre squelette, et les squelettes étaient souvent trop incomplets pour avoir une certitude. Par exemple, il a été déterminé que Lucy était une femme parce que son squelette était particulièrement menu et parce que la forme d'un os de son bassin laissait penser qu'elle pouvait accoucher. Sauf qu'il n'y avait pas de bassin masculin pour comparer donc même Yves Coppens, l'un de ses "découvreurs" reconnaissait que peut-être la forme du bassin ne suffisait pas à décider que Lucy était une femme :@Manea Pour la question des rôles genrés dans l'histoire, je crois avoir vu plusieurs exemples de fois où les archéologues n'avaient pas les moyens de faire des études ADN et tout le barda, et avaient transposé sans le vouloir (conditionnement actuel !) nos "repères" genrés d'aujourd'hui sur les civilisations passées. L'exemple auquel je pense était un gisement viking avec des tombes (donc plutôt 9e-10e siècle, mais j'imagine que c'est arrivé aussi pour des découvertes plus anciennes !), eh bien iels ont considéré que les tombes avec des armes étaient celles d'hommes par réflexe. Des années plus tard iels ont eu des fonds et pu faire des études plus approfondies et ont découvert que certaines étaient en fait à des femmes. Du coup je ne sais pas trop pour le cas exact des hommes et femmes préhistoriques, mais j'imagine que notre vision des choses aujourd'hui (et aussi le fait qu'on imagine toujours qu'on est "plus égalitaire" qu'avant de façon continue) influence carrément la façon dont on voit le passé à travers les indices archéologiques qu'on retrouve (on choisit un peu ce qu'on veut en déduire peut-être...). Je crois que @MorganeGirly en parlait ici ou sur la veille il y a quelque temps, du fait qu'on a toujours l'impression que la société a toujours été super patriarcale partout et était forcément "plus sexiste" avant, alors que ce n'est pas forcément vrai.
«Un chercheur de Zurich a défendu la thèse que Lucy était un homme. Pour des raisons anatomiques, avec les personnes de mon équipe, nous sommes presque sûrs que le bassin de Lucy ne peut être masculin. Mais nous ne disposons, parmi tous les restes d'australopithèques retrouvés, que de deux bassins totalement reconstituables: l'un est celui de Lucy, l'autre a été trouvé en Afrique du Sud. Ces deux bassins se ressemblent beaucoup et ça peut vouloir dire qu'il s'agit deux bassins féminins. Mais nous ne connaissons pas le bassin masculin. Scientifiquement, on est obligé de poser la question: va-t-on trouver des bassins masculins différents? Ou bien tous les bassins d'australopithèques ressemblent-ils à des bassins de femelles d'aujourd'hui?»
Citation de 1999 à lire ici.
Une autre idée reçue c'est la question des chasseurs/cueilleurs. On s'imagine souvent des hommes forts chasseurs de mammouths et des femmes retirées dans des grottes avec des enfants à leurs pieds. Mais beaucoup de chercheurs contestent cette imagerie. Une grande théorie veut que les femmes n'étaient pas du tout sous l'autorité des hommes en mode patriarcal et que c'est la sédentarisation qui, permettant aux hommes d'accumuler les "biens" leur a permis de contrôler la sexualité et la progéniture des femmes, tout en s'attachant plusieurs femmes. A l'époque des chasseurs/cueilleurs, les femmes semblaient plus libres de changer de groupe et donc de choisir leurs partenaires.
En outre, il semble que les hommes et les femmes échangeaient souvent certaines tâches : tous cueillaient et chassaient mais ces activités n'étaient pas strictement les mêmes (par exemple, les femmes allaient cueillir certains types de plantes, les hommes d'autres etc.). Selon certaines théories, les hommes avaient tendance à s'engager dans des tâches plus longues et qui nécessitaient plus de continuité (les chasses sur plusieurs jours par exemple) tandis que les femmes s'engageaient dans des tâches plus courtes qui pouvaient être abandonnées plus facilement (en raison des contraintes de la procréation, et ce que je trouve plus contestable du soin requis par les enfants).
Mais ça reste très difficile à analyser. En tout cas, dans les sociétés nomades plus récentes comme les Aborigènes d'Australie, on voit bien que la structure familiale est souvent incompréhensible pour les Occidentaux car le schéma est différent d'un schéma patriarcal et les liens de parenté qu'ils reconnaissent ont tendance à nous dérouter.
Ce que l'imagerie populaire oublie souvent c'est que les chasseurs/cueilleurs sont des nomades (puisque la chasse et la cueillette sont dépendantes des saisons, quand la saison ne convient plus, on change de lieu). Par conséquent, les femmes ne peuvent pas rester dans des grottes pendant des mois : elles ont un mode de vie très physique qui implique des déplacements longs et fatigants loin de "la place de la femme" qu'on se représente aujourd'hui. La force physique est importante pour les femmes nomades comme pour les hommes.
Moi je suis assez partagée sur Olympe de Gouges. Je conviens que je ne connais le personnage que superficiellement mais j'ai l'impression qu'elle est devenue une icône du féminisme... parce que les féministes ont décidé d'en faire une icône, et pas vraiment pour son influence historique.Parce que bon, Olympe de Gouges, je l'ai découverte il y a 3 ans quand j'ai commencé à m'intéresser au féminisme, et ce n'est pas normal![]()
Je veux dire qu'évidemment, c'est difficile d'être influente dans un monde contrôlée par les hommes mais j'ai l'impression que son apport majeur c'est qu'elle écrivait beaucoup avec pas mal de progressisme et qu'on peut donc la lire aujourd'hui, pas forcément que ses contemporains écoutaient ses idées. Alors qu'à côté, j'ai l'impression que certaines de ses contemporaines étaient très actives, reconnues publiquement et donc influentes politiquement mais qu'elles sont jugées "moins importantes" aujourd'hui pour l'Histoire des femmes et le féminisme parce que leur langage ressemble moins au féminisme moderne que celui d'Olympe de Gouges. Pourtant, Claire Lacombe et Pauline Léon participaient aux clubs révolutionnaires, ont créé des sociétés de femmes républicaines et réclamaient le droit de porter les armes, Théroigne de Méricourt ou Manon Roland organisaient des salons influents, Lucille Desmoulins et Sophie de Condorcet sont restées dans l'ombre de leur mari mais elles semblaient également investies dans les causes politiques de l'époque et respectées à ce titre par leurs fréquentations etc.
Donc Olympe de Gouges est certainement importante dans l'Histoire des idées mais comme figure majeure... je ne sais pas à quel point. Je trouve ça dommage que sa popularité qui a vraiment explosé ces dernières années (première femme dont le buste est exposé à l'assemblée par exemple, pétition pour son entrée au Panthéon etc.) éclipse totalement le rôle des autres femmes de son époque. Surtout qu'on la présente souvent "comme une figure d'exception" ou "la première féministe", ce qui donne un peu l'impression que les autres femmes avant et autour d'elle étaient bien moins intéressantes, originales et avant-gardiste. Et je ne pense pas que ce soit si vrai!
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