@Trouscaillon J'ai toujours été très éco-anxieuse. Même dans les années 90 quand j'étais ado.
Mais y a un moment où ça m'a épuisée. Où j'en ai eu assez d'attendre l'apocalypse. Et je me suis dit que si dans 40 ans, la vie est toujours viable chez nous, je regretterai de ne pas avoir eu d'enfant juste pour cette raison.
J'ai totalement conscience que c'était une décision égoïste, mais je ne supportais plus de vivre dans cette idée que tout était fichu et qu'il valait mieux laisse l'humanité se détruire, ou s'éteindre en n'ayant plus d'enfants.
Assez logiquement, mon envie d'enfant s'est accompagnée d'une grosse pulsion de vie. D'envie d'y croire encore et de chercher comment mieux faire.
Résultat, il a 4 ans. Pendant ma grossesse, on disait beaucoup qu'il restait 12 ans pour sauver les choses. Et maintenant j'ai cette échelle de temps gravée au cerveau : quand il aura 12 ans, ça sera normalement la grosse merde. Y a des nuits où ça me réveille en panique.
Mais y a aussi de l'espoir chez moi. Et surtout de la combativité. J'ai toujours essayé de faire attention à l'écologie, mais la naissance de mon fils m'oblige a faire mieux, à regarder encore plus en face ce que je fais ou pas.
Je me souviens avoir écouté pendant ma grossesse un épisode du podcast La Poudre qui interviewait la militante écolo Vandana Shiva. Elle disait notamment que la collapsologie était une idéologie mortifère surtout portée par des hommes blancs. Et que ça ne servait à rien. Le désespoir ne servait à rien. Je n'avais jamais entendu quelqu'un capable à la fois de regarder en face la gravité de la situation et pourtant d'y voir de l'espoir
Faire un enfant n'est pas écologique en soi, j'en suis bien consciente .On se console sur ce point en se disant qu'on n'en a fait que un, et que donc on participe à la diminution de la population.
Et en même temps, on se tracasse du fait qu'il n'aura pas le soutien d'une fraterie si les choses deviennent très dur.
Quand les angoisses me réveillent la nuit, j'ai aussi une manière très égoïste de me rassurer : faut arrêter d'attendre l'apocalypse. ELle est déjà là. Y a déjà des réfugiés climatiques, des météos extrêmes etc
Et je me dis que mon enfant ne sera pas le plus en danger. Vu le pays où on habite, le niveau socio économique etc, je pense qu'on a plus de chance que d'autres de ne pas trop souffrir de la situation (même si bon, les tempêtes tout ça, ça peut arriver)