C'est la première fois que je poste sur ce topic, habituée des topics plus 'gai' en général.
Ma maman a fait un AVC vendredi dernier. Je vis à Paris, elle à Strasbourg. Je suis en contact permanent avec elle et avec mon frère et mon père. Ce matin là, elle était étrange, elle écrivait des SMS sans aucun sens. Puis, plus dé réponse. Je l'appelle sur son téléphone, mon père lui est au travail à 2h de la maison, et la je sens qu'il y a un malaise. Je lui dit que j'allait raccrocher pour appeler les pompiers, elle est à la limite de m'engueuler à me dire qu'elle a juste besoin de se reposer. Je n'écoute pas, je raccroche et je contact les pompiers. Par chance, ils parviennent à intervenir dans le quart d'heure qui suit. Ma mère, sur place, ne comprend rien à ce qui lui arrive. "Madame, vous avez toujours la bouche de travers" "Mais qu'est ce que vous me racontez". Elle ne s'était pas rendu compte qu'elle avait perdu la mobilité de tout son côté gauche...
Ils lui font les premiers examens à la maison et l'emmène à l'hôpital. Mon père est prévénu, il est en route. Je suis au travail à Paris quand tout se passe, je suis éducatrice, je travaille avec des enfants, autant vous dire qu'il était impossible pour moi de rester. Je préviens ma chef, mais dans l'état dans lequel je suis, il est clair qu'elle me laisse partir.
Je rentre, et là je réalise ce qu'il est en train de se passer, bien que je savais dès le départ ce qu'elle était en train de faire, dans la précipitation de l'urgence je n'ai pas paniqué. Une fois chez moi, mon petit ami m'a rejointe, et là j'explose, je m'arrache les cheveux, je ne peux plus respirer. Maman, ma Maman à moi est en train de se perdre... La chose la plus terrible qui peut arriver dans ma vie est en train de se passer à cet instant même... Je prends des affaires, et je prends le premier train qui me ramène à Strasbourg. Une fois dans le train, quelques heures après, on a les premiers résultats. Son cerveau a été touché, des facultés abstraites vont pouvoir disparaitre... Je ne me rend pas bien compte, je ne comprends pas ce que cela engendre... J'arrive à l'hopital et je demande à parler au Medecin. Il m'explique que le côté du cerveau qui a été touché ne dirige pas la parole ni la motricité, mais que c'est un AVC très vicieux car les séquelles ne sont pas visibles.
Ma mère à perdu ses réflexes de vies, ses réflexes de morts. Ses émotions sont modifées, elle qui était tellement emphatique et de qui j'ai hérité cela. Aujourd'hui elle a du mal à reconnaitre les émotions tristes. Il nous a été expliqué que rien n'était irréversibles mais qu'il fallait travailler. Ses séquelles auraient pu être pire mais que si l'on voulait retrouver la femme que l'on a toujours connue, il ne fallait pas laisser ce malaise s'installer.Son cerveau peut s'habituer a ces sentiments, et il faut sans cesse lui rappeler que ces réactions sont dûent à son AVC. Ce n'est pas facile. Je la connais par coeur, je sais la reconnaitre. Mon père lui, a un peu plus de mal à déceler quels sont les comportements 'normaux' et quels sont les comportements 'anormaux'.
Cela fait 8jours qu'elle est hôspitalisée, 8 jours que je viens la voir tous les jours. Et demain, je dois rentrer à Paris car je reprends le travail Lundi, ce n'est pas facile, et pourtant il faut ...
Désolée pour cet enorme pavé, et merci à celles qui auront pris la peine de me dire. Si certaines ont vécu, ou si certaines sont medecins, j'aimerais beaucoup pouvoir échanger... Le moral n'est pas au plus haut...