Pour un maquillage à la con, un enfant m'a demandé "T'as pleuré toute les larmes de ton corps ?". Je lui ai répondu d'un grand sourire... La vérité sort de la bouche des enfants, c'est bien ça, hein ? Alors oui petit, j'ai tout donné.
La vie me déçoit, je me déçois ou alors je fais en sorte de l'être.
J'ai l'impression que je n'ai pas le droit au bonheur, pas le droit d'être heureuse. Chaque espoir que je nourris finit par devenir vain, chaque chose que je construis finit en miettes avant d'être achevée, chaque personne que je chéris finit par m'être arrachée.
J'ai espéré m'épanouir dans mes études, j'ai lâché prise. J'ai espéré garder un intérêt pour ce qui me passionnait, je n'ai plus de but. J'ai fais des projets, eu des ambitions qui ont toujours été contrariés et que je n'ai pas eu la force de poursuivre autrement.
J'ai été heureuse deux fois dans ma vie. Ces deux fois étaient aussi marquées par la souffrance, mais malgré tout : j'étais heureuse. On m'a arraché à ce premier instant, j'en ai bavé pendant presque trois ans, mon corps ne suivait plus la cadence et j'ai laissé coulé. Je me serais foutue en l'air si j'avais eu un peu plus de courage. Aux poids de l'absence et de la distance, s'ajoutait celui du mal-être. Je suis passée de "bien dans ma peau" au reflet d'un miroir qui ne me correspond(ait) plus : mon corps avait décidé de graver la douleur.
La deuxième fois, je crois que personne ne la comprend. Mais c'est grâce à elle que j'ai pu oublier la première. Alors oui, c'était intense, voire trop, que ce soit dans la joie ou dans la peine, mais j'étais en vie ! Et puis, finalement, l'absence et la distance sont revenues. Même si l'amour est toujours là, malgré les embûches, je me demande si ça n'aurait pas été plus simple de tout arrêté : essayer d'oublier, d'avancer plutôt que de se dire qu'il faut s'accrocher. Chaque retour à la réalité devient plus dur, autant pour Lui que pour moi. Passer deux ans à vivre ensemble pour n'avoir ensuite droit qu'à quelques jours par mois et quelques minutes au téléphone par jour, c'est terrible et ça bouffe.
Aujourd'hui Il va mal, Il a encore perdu quelqu'un. Je crois que je porte définitivement une marque noire. Mon destin est tracé : je dois passer les épreuves et mes proches avec moi. Que ça soit les petits ou les gros tracas, c'est là, tous les jours. Ça me guette, ça attend le bon moment pour m'engloutir, pour me faire sombrer et cette saloperie obtient toujours ce qu'elle veut. Alors même si la présence de l'autre apaise, le fond du gouffre reste sous nos pieds et nous rappelle que nous n'avons que ça.
J'ai envie de m'exiler avec Lui. D'oublier les autres. J'ai sacrifié ma vie (oui, pas seulement une partie : ce que j'ai vécu me bouffera toujours, c'est inscrit dans ma mémoire et ma chair) pour les autres. Aujourd'hui, j'ai envie de ne penser qu'à Lui. Seulement quand Il est loin, tout ce que je fais c'est me détruire : je suis seule face à une vie dans laquelle rien ne fonctionne, comme un mécanisme qui s'est cassé et dont les dégâts sont irréversibles.
Alors oui Petit, j'ai souris et je sourirai jusqu'au bout. Tout ce que j'espère pour toi, c'est que tu puisses grandir à ton rythme, entouré par des gens qui t'aiment et qui seront toujours là pour toi. J'espère aussi et surtout que tu garderas cette douceur de vivre, que ton sourire restera vrai. Que lorsque tu es face au monde et que tu sembles heureux, ça ne soit pas juste pour faire semblant, que tu n'erreras pas sans âme.