Ca fait un sacré bail que je n'étais plus venue sur le forum de Mad, mais voilà, je ne voyais pas d'autre endroit où me "lâcher"...
Ma mère va se faire hospitaliser. Et ça m'énerve... Elle y va parce que ses médecins la considère comme trop fatiguée pour rester à la maison ou aller travailler.
OK... Soit. Seulement, est-ce qu'ils comprennent qu'elle est dans cet état de dépression depuis toujours et que l'assister en permanence ne l'aide en rien ??
Quand j'étais ado et que je souffrais, c'est moi qui écoutais les malheurs de ma mère (en pleine crise d'ado à ce moment là aussi) et qui encaissait. Savoir qu'elle se shoote d'antidépresseurs n'est pas anodin à cet âge là. Donner des conseils sur comment vivre alors que soi-même on est perdu, c'est pas non plus évident. Lui apprendre à ne plus souffrir du regards des autres quand celui-ci vous bouffe déjà, comment on fait ?
Ma mère veut un autre boulot depuis le premier jour où elle est entrée dans sa boîte. Elle n'a jamais fait le moindre effort pour pouvoir changer d'air et maintenant qu'elle en a la possibilité, bah la pauvre, faut la comprendre, elle ne peut pas : elle est trop fatiguée... Et puis elle nous apprend qu'il faut choisir un métier qui nous plaît, mais en fait non, l'argent, c'est bien plus important.
Ma mère se sent nulle, inintéressante, moche et bête depuis petite, du coup elle a appelé ses filles "Gros cul" et a fait comprendre à l'une que "bah physiquement, c'était pas ça quoi...".
Ma mère est seule (affectivement parlant j'entends) du coup, chaque fois que ma soeur ou moi avons un copain, "baaah de toutes façons, ça ne peut pas durer".
Elle ne fait RIEN pour changer sa situation et à part s'apitoyer sur son sort, ne fait absolument plus rien.
J'ai voulu ce matin la faire bouger un peu, lui faire comprendre que ça ne sert à rien d'aller voir des psys et autres, si elle-même ne veut pas s'en sortir. "Je n'ai pas besoin d'entendre ça en ce moment. Pour une fois, tu pourrais te taire et écouter mes souffrances." Mais je ne fais QUE ça !! Elle peut pas comprendre que quand j'ai quitté la maison, ce n'était pas que pour fuir la situation de mes parents, mais pour fuir cet état d'esprit qui me bouffe. Quand je suis retournée vivre chez elle, c'est ça que j'appréhendais, rien d'autre.
Dès que je pars quelques jours pour retrouver mon copain, la seule chose qu'elle me dit c'est "tu reviens quand ?". Quand je reviens, que je suis en larmes parce qu'encore une fois j'ai dû dire au revoir à l'homme que j'aime pour plusieurs semaines, tout ce qu'elle trouve à dire c'est qu'elle se sent seule.
Putain, mais j'ai le droit d'exister aussi ? Tu ne comprends pas à quel point tu me bouffes, à quel point tu m'enfonces et que tu reproduis le même schéma sur L. et moi !!! Tu as fais de nous des dépressives, incapables de croire en elles et de se révolter. Tu as fais de nous : toi.
Je n'en peux plus, je veux revivre près de lui, parce qu'au moins, même si on s'engueule, lui croit en moi, m'écoute, me prend dans ses bras quand je pleure. Lui m'aime telle que je suis, ce que tu n'es pas foutue de faire. Oui, je ne suis pas Miss France, oui j'ai des kilos en trop, oui j'aime pour autant vivre, porter des jupes, du rouge sur les lèvres, savoir que je peux séduire. Oui bordel, je vivrais malgré toi !
Je t'aime mais quand je partirai, si tu ne comprends pas tout ça, si tu ne comprends pas que tout vient de toi, que personne ne te soignera à ta place et que ça n'est pas en rejetant tout sur tes filles que tu iras mieux; si tu ne comprends pas tout ça... Tu finiras vraiment seule parce que je ne veux pas de ça pour moi, je ne veux pas de ça pour mes enfants, ni pour personne.
Et tu seras seule, parce que je suis la seule qui accepte encore de t'écouter te plaindre de ta vie quand des hommes et des femmes souhaitent plus que tout ce travail que tu hais tant, parce que tu as un toit alors que certains crèvent sous les ponts sans personne, alors que toi, toi tu as des gens qui t'aiment, tu n'es pas seule et tu as de la chance d'avoir ce que tu as et que tu ne le vois pas. Et bientôt, si tu ne fais rien, tu seras aussi seule et perdue que tu le prétend et moi je serais loin, à essayer d'avoir ce bonheur que vous m'avez volé tant d'années.