@Chat-au-Chocolat
Sauf que non, comme je l'ai dit précédemment, l'absence chez une proportion donnée d'individus d'une espèce n'est
pas un critère pour dire qu'un comportement n'est pas instinctif

Et l'instinct n'est PAS censé être présent chez TOUS les membres d'une même espèce. Je sais de quoi je parle, c'est ma formation
L'instinct, c'est la
partie héréditaire des comportements animaux et de leurs mécanismes physiologiques sous-jacents. Cette hérédité peut tout de même varier au sein d'une espèce (les allèles impliqués dans tel ou tel comportement pouvant être présents ou absents, et plus ou moins exprimés, selon les individus). Il n'y a absolument aucun critère exigeant que le comportement soit présent chez tous les membres d'une espèce, la variation individuelle pouvant être plus ou moins marquée selon les cas (totalement absent, présent chez certains individus, ou présent chez l'ensemble de l'espèce), pour le classifier comme instinctif. Et pour certains comportements, il peut y avoir une part instinctive et une part acquise. Tout n'est pas blanc ou noir

Sinon, à ce compte-là, en suivant ton raisonnement, toute caractéristique qui varie d'un individu à l'autre est "un acquis social". Alors que non. Des fois, il y a des traits variables individuellement qui sont héréditaires, et pour lesquels on a nettement identifié les gènes responsables.
Ensuite je suis biologiste de l'évolution donc bon, lire que les humains ne sont pas des animaux ça me rend un peu chèvre

(sans mauvais jeu de mots

). Et pourtant, je suis très sceptique sur pas mal d'interprétations en psychologie évolutive hein, je ne suis pas du tout acquise à la discipline.
Déjà, on n'est pas les seuls animaux avec une transmission culturelle, même si on est indéniablement l'espèce chez qui cette dernière est la plus marquée. Ensuite, bah... Nous
sommes des animaux. Nos réactions émotionnelles sont régies par les mêmes hormones et les mêmes processus neurologiques que les autres espèces. Idem pour nos processus d'apprentissage. La partie acquise de nos comportements est extrêmement développée, parfois au détriment de la partie innée, mais il est complètement illusoire de croire qu'on s'est totalement extraits des processus biologiques.
Donc pour répondre à ta question, est-ce que tous les humains ressentent naturellement à un moment de leur vie l'instinct de se reproduire ? Non. Est-ce que ça veut dire qu'il n'existe pas et qu'il est uniquement socialement acquis, sans aucune part innée ? Non plus.
Est-ce qu'il est probable que l'instinct parental ait une part innée chez l'humain ? Si on regarde nos proches cousins, oui, ils ont des comportements parentaux marqués, soutenus, et il y a même des raisons de croire au vu des réflexes des nouveaux-nés que notre espèce est adaptée à des soins parentaux plus intensifs que ceux qu'on observe actuellement dans les sociétés occidentales. Des comportements maternels adaptés peuvent, chez la grande majorité des primates, se développer même en l'absence d'observation des pairs (même si cette dernière augmente la probabilité qu'ils soient bien réalisés). Et, fun fact, il y a aussi une forte variabilité inter-individuelle chez les mères primates

Pour plus d'informations je renvoie à la synthèse de Nancy Nicolson (Maternal behavior in human and nonhuman primates), qui est assez complète et disponible librement sur internet. Evolutivement parlant, même si aucune espèce primate n'a exactement le modèle qu'on retrouve chez les humains, il est improbable qu'un processus aussi complexe que les instincts parentaux se soit évaporé totalement en fumée en un temps court, et même qu'une espèce comme la nôtre, chez qui les jeunes sont extrêmement fragiles et restent dépendant longtemps, aurait survécu (il ne faut pas oublier que l'espèce humaine a existé longtemps avant l'émergence d'une quelconque culture appliquant une propagande nataliste).
Il me semble également que toutes les sociétés ne font pas de propagande nataliste massive comme la nôtre (appliquer ce qui se passe dans la société occidentale à toute l'espèce humaine serait assez ethnocentré, du reste), et qu'il ne me semble pas qu'il y ait un délaissement systématique des enfants dans les sociétés qui n'en font pas, mais n'étant pas anthropologue je ne m'avancerai pas plus, et je laisserai un ou une spécialiste confirmer ou infirmer cette idée. En revanche, je pense qu'il y a quelque chose à creuser sur les contextes dans lesquels les comportements parentaux ont été valorisés ou non par la société. Il y a fort à parier que c'est dans les périodes où la survie est la plus difficile qu'ils l'ont été le moins. On s'attache moins volontiers aux enfants quand ils risquent de mourir. Un mécanisme qu'on retrouve aussi dans la nature d'ailleurs, cf mon premier message
