Pour rebondir sur ton post
@Carlawn : clairement je trouve ça irrespectueux les mecs qui se permettent de parler de ça ainsi. Un peu comme si moi j'allais dire "bof, un coup dans les couilles ça ne doit pas faire si mal que ça, arrête de pleurer pour rien". Mon premier copain ne comprenait pas non plus, comme son ex n'avait pas de règles douloureuses et que les femmes de sa famille n'en parlaient jamais, pour lui j'exagérais.
Pour certains hommes c'est limite mystique, il n'y a qu'à prononcer le mot "règles" pour les voir paniquer. Du coup de mon côté j'essaye d'en parler normalement, à mes amis par exemple (qui sont tous des hommes). Je n'hésite pas à leur dire "je suis patraque aujourd'hui, je ne viendrai pas vous voir, mes règles me rétament". Ca passe bien, ce n'est pas pire que d'avoir la grippe ou une gastro.
Mais je voulais surtout rebondir sur cette question de féminité... J'ai souvent entendu dire ça aussi, qu'en gros en refusant la maternité et en rejetant mes règles, je fais un déni de ma féminité, je tente d'étouffer cette partie de moi. Alors que pas du tout ! Pour moi, ça me semble juste logique et normal de vouloir se débarrasser de quelque chose de douloureux, handicapant et inutile. Etre menstruée ne me sert à rien, ça ne m'apporte rien sinon de la souffrance et une perte de temps. Tout ce mysticisme autour de l'utérus me gonfle sérieusement en fait. C'est juste quelque chose d'organique, il n'y a rien de magique là dedans, c'est pas "créer la vie" ou je ne sais quoi d'autre... Les animaux aussi se reproduisent, et on n'en fait pas tout un flan ! Je ne vois pas pourquoi ce serait particulièrement beau ou émouvant en fait.
Je trouve ça d'autant plus gonflé d'entendre ça de la part d'hommes, qui ne connaîtront jamais ce que le corps peut subir pendant la grossesse. D'ailleurs je ne comprends pas comment on peut trouver ce processus beau alors que pour moi ça s'apparente plus à un traumatisme du corps, et que pendant des milliers d'années des femmes y ont laissé leur peau (et en décèdent encore aujourd'hui). Quand j'écoute les témoignages des femmes de mon entourage (pourtant heureuses d'être mères), ça me terrorise qu'on puisse faire subir ça à son corps
! D'ailleurs, la plupart des mères que je connais ne s'attendaient pas à ça. Beaucoup pensaient que ça allait être plus simple, moins douloureux, moins fatiguant, à cause de ce mythe de la grossesse limite divine avec lequel on nous rebat les oreilles. J'ai souvent entendu dire "heureusement que les hormones prennent le relai".
J'ai eu la chance d'être dans un entourage assez ouvert à ces questions quand j'étais gamine. Très tôt ma mère m'a expliqué ces choses là, et du fait de son métier de soignante on a toujours parlé librement du corps humain.
Elle a adoré être enceinte et s'occuper de nous ensuite, mais elle m'a bien expliqué que ce n'était pas une sinécure, que c'était loin des images qu'on voit à la télé ou des discussions pudiques aux repas de famille. Que l'accouchement c'est pas juste "poussez madame" et on te présente un beau bébé tout propre. Que l'APRES est parfois encore plus dur à gérer que l'avant, que les modifications sur le corps peuvent rester toute la vie et être très douloureuses. Aujourd'hui la parole se libère grâce aux témoignages sur les violences obstétricales, mais combien se disent que ce n'est qu'un coup de malchance ?
Evidement n'ayant pas ce désir d'enfants, j'ai du mal à concevoir comment on peut vouloir subir ça. J'ai beau y réfléchir, je n'y vois rien de logique ni de positif. De plus mettre au monde un enfant dans notre monde actuel me semble totalement déraisonnable. Mais après tout moi aussi je fais des choses incohérentes pour les autres.
Aussi je pense que c'est assez récent, ce côté "la grossesse est le plus beau moment de la vie d'une femme". Avant la contraception généralisée ce n'était pas forcément le cas... Enfin quand plus jeune, j'entendais les anciennes générations parler, elles n'étaient pas aussi extatiques. La venue d'un enfant était une bonne nouvelle, mais on était plus réservé sur tout ça (sûrement lié au nombre de décès en couches / mortalité infantile bien plus élevé qu'aujourd'hui, + le fait que les femmes n'avaient pas le choix d'enfanter ou non).