Mais ça reste qu'il y a une réalité partagée par tous, qui est inébranlable, c'est ce que tu appelles "le monde réel". Disons que toute personne valide à 100% va s'accorder sur cette réalité. Par exemple, toute personne valide à 100% va s'accorder sur le fait qu'à côté de moi il y a une table basse rouge. Maintenant, on peut être "moins valide", et ne pas totalement s'accorder sur cette réalité. Par exemple, un daltonien ne va pas forcément voir que cette table est rouge. Ca reste que tout le monde s'accorde qu'il y a cet objet : une table basse.
Je voudrais nuancer un peu ça, en fait: la façon dont tu l'as présentée est maladroite, et donne à penser que la perception de la table par la personne daltonienne est trompée, ou faussée. Le rouge de la table ne fait pas partie du caractère inébranlable de la réalité.
"Le monde réel" ici, c'est l'existence d'une table, qui (pour schématiser, je ne suis pas scientifique et je ne connais pas bien le système du fonctionnement de la lumière et des couleurs) renvoie un certain spectre de la lumière qui - pour la majorité des personnes - semblera rouge, parce que les yeux de la majorité de ces personnes sont conçus pour percevoir ce renvoi de lumière comme rouge. Une personne daltonienne, elle, percevra cette table d'une autre couleur (un ton de vert-jaune, ça dépend des différents types de daltonisme) parce que ses yeux sont conçus différemment. Mais la table est la même pour les deux types de personne : avec une certaine forme et une certaine matière qui renvoie un certain spectre de lumière. C'est
l'interprétation de ce spectre de lumière qui diffère.
Et, là, pour le coup, le daltonisme n'est pas un handicap en soi que par rapport à une norme : être daltonien, c'est vraiment gênant parce qu'on vit dans une société majoritairement peuplée de gens pas daltoniens, et conçue pour elleux. Etre daltonien, ce n'est pas gênant en soi : on ne souffre pas d'être daltonien si l'entourage et l'environnement est compréhensif (à l'inverse de, par exemple, ma dépression passée et mes pensées suicidaires, qui m'étaient néfastes et nuisaient à ma vie et ma sécurité, et ce indépendamment de mon entourage et de mon environnement). Mais en soi, il n'y a pas de perception des couleurs "valide" et "déficiente" c'est seulement une construction par rapport à une norme et celleux qui n'y rentrent pas : si nous avions tou-tes le même type de daltonisme, personne ne serait daltonien-ne. C'est d'ailleurs le cas : d'autres espèces d'animaux peuvent voir plus (ou moins) de couleurs que nous, en fait. Le monde n'est pas du tout identique aux informations sensorielles que l'on en retient.
Et je trouve que cet exemple est différent de celui des hallucinations dont tu parles, en fait

une hallucination, c'est percevoir une information qui n'existe pas, non? Si la personne percevait quelque chose qui existe, alors elle n'aurait pas une hallucination mais une capacité à percevoir la réalité de manière différente, ou autre (une meilleure ouïe, une meilleure vue, etc - mes exemples sont "meilleurs" et pas "différents" mais l'idée reste présente je suppose). Délirer, c'est différent de ne pas être d'accord avec la majorité sur l'interprétation de la réalité, je crois bien.
(Et c'est un peu hors-sujet mais ça fait conclusion

je trouve qu'il faut faire une différence entre ce qui pose un problème pour soi (comme mes pensées suicidaires de jadis) et ce qui pose un problème par rapport à l'environnement dans lequel on évolue (comme être daltonien-ne dans une société qui fait la différence entre le vert et le rouge), et aussi ce qui cause une souffrance et est à changer, et ce qui ne l'est pas forcément (je pense aux personnes sourdes qui n'ont pas envie de ne plus être sourdes, par exemple).)