Veille permanente psychophobie

Lullabye

Ambassadrice de Ville
25 Novembre 2013
10 814
48 418
3 154
32
@Lullabye
Je parlais de personnes transgenres parce que c'est pile poil le cas ( je ne parle pas de toi) où la conception de la réalité ( perçue de manière majoritaire avec l'équation sexe=genre) permet de maltraiter et de poser de mauvais diagnostic sur les personnes au motif de "perception de la réalité altérée" ( sous-entendu minoritaire) ( beaucoup de psychiatres sont très nocifs également de ce point de vue là. C'est pour cela que des listes de psy safes tournent). Je trouve cette exemple très parlant mais il me semble que c'est aussi le cas pour certaines personnes autistes ( le spectre autistique est large).
Et encore une fois, ce n'est pas toi en tant que personne ou professionnelle qui est attaquée.
C'était sûrement le chaînon manquant qui faisait que je comprenais pas les liens :hesite:.

Après disons que je voyais pas le débat initial posé par @AngelTen Richard II comme tel. Parce que là c'est disons, une réalité "abstraite", enfin conceptuelle plutôt. Moi j'évoquais plutôt la notion de réel, donc de réalité "matérielle". Là disons que pour moi c'est pas la notion de réalité qui rentre en compte, mais plus la notion de "norme sociale". Après, c'est juste qu'en psychologie, le terme de "réalité", il n’apparaît pas du tout pour les aspects sociaux, donc il y a peut être une grosse déformation professionnelle de mon côté qui fait que j'ai du mal à vraiment comprendre les liens que vous faîtes avec les personnes transgenre. La notion de réalité, en psychologie elle intervient vraiment de par son côté "matériel", avec l'idée d'objets (objets au sens large : choses, personnes etc.), donc elle intervient juste dans les questions de symptômes psychotiques comme les délires, les hallucinations, la déréalisation. Ce qui n'a strictement aucun rapport avec un aspect vraiment social, ou les personnes transgenre, ou même cette idée de majorité/minorité, et donc l'idée de norme.
En fait, je vais reprendre ce dont moi je parlais initialement. Il n'y a pas réellement d'idée de minorité versus majorité dans un délire, parce que je pense pas qu'on puisse parler de minorité quand il s'agit d'un individu seul. Une personne psychotique a un symptôme qui lui est propre, les délires partagés sont extrêmement rares. Une personne qui a des hallucinations, ses hallucinations lui sont propres. Certes d'autres personnes peuvent avoir des hallucinations, mais il s'agira d'autres hallucinations. Ce que je veux dire c'est qu'imaginons qu'une personne a une hallucination de type visuelle et voit une personne sur le pas de sa porte, logiquement on peut demander au monde entier, personne d'autre ne verra cette personne. Parce qu'il s'agit d'une hallucination, qui par définition est une perception altérée de la réalité, puisque c'est une perception sans objet à percevoir. C'est difficilement discutable. Si une personne vous dit qu'elle voit en face de vous une petite fille, et que vous ne voyez rien, vous allez vous posez des questions.
Une psychose, selon les symptômes, selon la psychose, c'est plus ou moins flagrant, et perceptible. Après il peut y avoir des erreurs de diagnostique quant à la nature de la psychose (voire même qu'on soit dans un état-limite). Parce que les limites sont parfois floues, parce qu'il y a des différences inter-individuelles. Mais ce qui caractérise une psychose ça reste que le rapport à la réalité est déformé, "anormal". Ce qui va intrinsèquement se manifester par de la souffrance ou un problème d'adaptation à son environnement.

Après, il y a la question du fait qu'on chercher à ce que ces individus "guérissent" ou du moins qu'ils s'adaptent à leur environnement, et non que l'environnement s'adapte à eux. Je pense que c'est un débat beaucoup trop large vu la pluralité des psychoses, et vu que chaque cas est différent. Et je pense aussi que concrètement ce n'est pas possible vu que par principe, ils évoluent dans une réalité différente que personne d'autre qu'eux ne peut tout à fait saisir. Pour reprendre l'exemple des hallucinations visuelles, ce serait difficile de pouvoir rentrer en contact avec elles puisqu'on ne les voit pas. Puis le second point, c'est que beaucoup de psychoses génèrent de la souffrance pour le sujet. Les hallucinations sont rarement gentille. Le délire paranoïaque est souvent dévastateur pour une personne. Le délire érotomaniaque va générer aussi de la souffrance pour autrui.
Je crois que le rôle du psychologue c'est de faire en sorte comme je le disais, que la personne puisse vivre aussi harmonieusement que possible avec son trouble, qu'elle puisse s'épanouir au mieux dans les différents domaines de sa vie, qu'elle puisse par exemple dompter ses hallucinations et les rendre moins agressives, ou essayer de calmer ses pensées délirantes ou du moins de les accepter. L'idée principale ça reste d'essayer de retirer la douleur, pas forcément le symptôme ou le trouble en soi, mais la souffrance que ça génère principalement. C'est pour ça qu'un individu peut très bien vivre avec une psychose stabilisée.

Maintenant pour en revenir aux exemples des personnes transgenres ou autistes. Je pense pas qu'on fasse appel à cette réalité matérielle, il n'y a pas de déformation de la réalité matérielle, il n'y a pas de symptômes délirants, on ne rentre pas dans le cadre de psychoses. Et pour moi, d'ailleurs, c'est pas le même "problème" qui se pose.
Pour les personnes transgenres, disons qu'ils sont minoritaires, et vus comme anormaux par certains, mais ça fait rentrer plutôt cette notion de norme sociale. Et c'est plutôt leurs valeurs, leurs idées, leurs opinions, qui sont différentes de la majorité des gens. Je parlerais pas vraiment de perception de la réalité différente, ni altérée. Disons qu'ils ont des conceptions différentes de la majorité.
Et pour les personnes autistes, c'est plutôt leurs interactions avec la réalité qui est différente. Je ne crois pas que leur perception de la réalité matérielle soit altérée, ou alors peut être dans le sens de l'intensité :hesite: Mais c'est surtout la façon dont ils interagissent avec les objets, les personnes, qui est différente des personnes on autistes. Par exemple, là ça a beaucoup plus de sens d'essayer d'adapter l'environnement à une personne autiste. Le mieux, selon moi, c'est sûrement de faire les deux, d'essayer que la personne autiste s'adapte un peu mieux à son environnement, et que son environnement s'adapte mieux à elle.
Après le spectre autistique est très large, c'est aussi un continuum entre un peu tous les troubles, et entre le pathologique et le "normal". La question reste toujours de savoir si la personne est épanouie, si elle est suffisamment adaptée dans son environnement pour être bien et ne pas souffrir.

Un diagnostique ça ne se pose pas comme ça. Psychologue ou psychiatre ne viennent pas dans la rue poser des diagnostiques aux gens qu'ils croisent. Les personnes leur sont adressées, donc c'est qu'il y a une raison quelque part, une souffrance ou un manque d'adaptation, pas forcément un trouble au final. Mais ça me parait pas cohérent qu'une personne transgenre se prenne un diagnostique (comme "trouble de l'identité sexuelle") comme ça, de nulle part. Je suppose que si il/elle vient consulter, c'est que quelque chose à la base ne va pas. Après, bien sûr qu'un jeune peut être adressé par ses parents. Mais un psy est sensé faire la part des choses, si c'est juste les parents qui veulent que le gamin consulte alors qu'en soit lui n'a aucun soucis, c'est juste eux qui ont un problème avec lui, il n'a pas à suivre le jeune. Peut être qu'il peut suivre la famille pour résoudre le conflit, mais ça s'arrête là. Je pense pas qu'aux personnes transgenre, mais aussi aux personnes homosexuelles, ou mêmes aux ados rebelles, ou aux gamins un peu actifs.
Mais si une personne transgenre vient consulter parce que voilà, elle souffre, du regard des autres, du fait qu'on ne l'accepte pas, du fait qu'elle ait des difficultés à se comprendre soi-même ou que sais-je, le psy est censé l'aider à aller mieux, pas à lui faire changer son identité et le maltraiter (et encore moins lui coller un diagnostique inexistant).

Enfin, je sais qu'on ne vit pas dans un monde de bisounours dans le domaine psy. J'ai tendance à penser qu'il y a beaucoup de réac' chez les psychanalystes pures, et qu'il y a beaucoup de psychiatres qui ne sont pas psychologues. Il y a sûrement beaucoup de psychophobie chez les psychanalystes. Je sais pas, c'est l'idée que je me fais. Après je généralise pas, tous psychanalystes et psychiatres ne sont pas mauvais, et tous psychologues ne sont pas parfaits. Mais je sais que dans la réalité de la psychiatrie, ça peut être compliqué....

Disons que ce qui est commun à tous ces cas (personne transgenre, autiste, psychotique) c'est l'idée de l'acceptation, parce que ces personnes sont "différentes". Après je trouve qu'on ne peut pas mettre sur le même plan ce qui pour moi constitue un trouble comme l'autisme ou une paranoïa, avec une identité sexuelle/de genre. Etre une personne transgenre, c'est pas une pathologie quoi. La pathologie c'est peut être la dépression que ça peut engendrer à cause de la connerie humaine (aka, les gens qui ne les acceptent pas). C'est problématique de penser que c'est une pathologie d'être une personne transgenre ou [insérer toutes les autres identités de genre, et toutes les sexualités].
 
Dernière édition :
10 Décembre 2015
274
934
274
35
@Lullabye e
On ne parlait en effet pas de ma même chose, il faut dire que le sujet est vaste.
Par rapport aux hallucinations, tu pourras peut-être m'apporter un renseignement ( mais c'est HS par rapport au sujet de la veille). Comment un professionnel fait la part des choses entre une hallucination ( qui a une source pathologique) et une croyance? Je pense à certains mystiques qui ont eu des apparitions, aux personnes qui disent voir un mort proche alors que le deuil est effectué depuis longtemps.
Sinon, pour revenir à l'autisme, magré les difficultés, je me demande si c'est toujours une pathologie selon les personnes:hesite: ( je croyais que ce smiley se rongeait les ongles :d ).
Certes, il y a la diificulté des relations inter-personnelles mais j'ai l'impression, de l'extérieur , que ce n'est pas forcément si simple et que parler de pathologie dans ces cas-là peut être particulièrement blessant ( là, je rapporte en fait la parole d'une personne ).
Je ne parle pas de validisme à proprement parler ici mais il me semble quand même que ça peut y jouer ( selon les cas ) un rôle.

Mise à jour:
C'est bien toi qui parlait de dysphorie de genre classée dans le DSM? Afin d'éviter tout nouveau malentendu, j'ai cherché ce que cela signifiait dans le monde médical. Je vais citer wikipédia ( je me rends compte que cette source n'est pas fiable :) ):
"Le terme spécial de « dysphorie du genre » désigne un diagnostic à part attribué par les psychologues et médecins pour décrire les individus significativement mécontents (dysphorie) du sexe qu'ils possèdent depuis leur naissance, ou du rôle qu'ils possèdent à cause de celui-ci. La cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux utilise le terme de « dysphorie du genre » plutôt que celui de « trouble de l'identité sexuelle ». Le DSM-5 utilise le terme d'« incongruence de genre » pour une meilleure identification et moins de stigmatisation3.
Si je comprends bien, la dysphorie de genre est classée comme pathologie mais y-a-t-il une réelle différence avec ce qui était vu comme un "trouble de l'identité sexuelle" ( cette association de mots est vraiment transphobe) ou n'est-ce qu'une précaution oratoire? "Incongruence", c'est que ce n'est pas "convergent"? Si c'est le cas, je trouve ça aussi très transphobe: ça présuppose que sexe et genre sont intimement liés.
Je sais que je suis HS par rapport au validisme car, comme tu l'as fait remarqué à juste titre, être trans n'est pas une maladie mais vu que j'ai évoqué le sujet par rapport au sujet de départ, je pose la question ici pour y clore le truc. Je changerais de topic sur ce point si vous le souhaitez.
 
Dernière édition :
30 Janvier 2015
1 135
6 753
2 094
Je suis un peu HS, mais concernant les diagnostics qu'on pose au hasard, j'ai été traitée pour une schizophrénie qu'il avait été prouvé que je n'avais pas (par le même psychiatre) :dunno:

(Ça n'avance pas le schmilblick, mais j'ai vu vraiment beaucoup de psychophobie dans les institutions psychiatriques, de la part des soignants, et quasi-systématisée - avec des systèmes de punition en cas de "mauvais comportement" et autres.)
 
  • Big up !
Réactions : Lullabye et Berserker

Lullabye

Ambassadrice de Ville
25 Novembre 2013
10 814
48 418
3 154
32
@Lullabye e
On ne parlait en effet pas de ma même chose, il faut dire que le sujet est vaste.
Par rapport aux hallucinations, tu pourras peut-être m'apporter un renseignement ( mais c'est HS par rapport au sujet de la veille). Comment un professionnel fait la part des choses entre une hallucination ( qui a une source pathologique) et une croyance? Je pense à certains mystiques qui ont eu des apparitions, aux personnes qui disent voir un mort proche alors que le deuil est effectué depuis longtemps.
Sinon, pour revenir à l'autisme, magré les difficultés, je me demande si c'est toujours une pathologie selon les personnes:hesite: ( je croyais que ce smiley se rongeait les ongles :d ).
Certes, il y a la diificulté des relations inter-personnelles mais j'ai l'impression, de l'extérieur , que ce n'est pas forcément si simple et que parler de pathologie dans ces cas-là peut être particulièrement blessant ( là, je rapporte en fait la parole d'une personne ).
Je ne parle pas de validisme à proprement parler ici mais il me semble quand même que ça peut y jouer ( selon les cas ) un rôle.

Disons que le spectre autistique est très large et comme je l'ai dit ça reste un continuum notamment entre le "normal" et le pathologique. Il y a des pathologies autistiques qui sont très "faible", où il y plutôt des traits autistiques sans que le diagnostique soit complet par exemple. Mais ça peut être le cas pour toutes les autres maladies. On peut avoir des tendances à la boulimie, ou à la dépression, sans remplir tous les critères pour poser le diagnostique pur et dur de la maladie. Ca ne veut pas forcément dire qu'il n'y a rien à faire, même si le diagnostique de la maladie ne peut pas se poser. S'il y a des symptômes dépressifs, il faut quand même aider la personne. Et s'il y a des traits autistiques, il faut quand même faire en sorte que la personne soit épanouie et que ce ne soit pas une source de souffrance.
Mais il y a aussi des troubles du spectre autistiques qui sont très intenses car associés à un retard de développement.

Après, c'est surtout qu'on n'a pas d'autres termes. En ça, les haut-potentiels et les autistes "légers" (principalement les asperger, qui d'ailleurs ont souvent un QI plus élevée que la moyenne) se ressemblent. Ce sont des modes de fonctionnement différents du commun des mortels, mais ils ne sont pas pathologiques en soit de mon point de vue. C'est plutôt ce que ça peut engendrer, notamment des symptômes anxio-dépressifs, du fait qu'ils ne se sentent pas en adéquation avec les autres, avec leur environnement, qu'ils peuvent être rejetés, maltraités etc.
Je sais que ça me pose problème de parler de pathologie quand je parle de haut potentiel ou d'asperger. Mais le diagnostique reste important à poser pour la personne en général, parce que souvent ça leur permet de comprendre pourquoi ils sont différents des autres, c'est un éclairement dont ils ont souvent besoin.


C'est bien toi qui parlait de dysphorie de genre classée dans le DSM? Afin d'éviter tout nouveau malentendu, j'ai cherché ce que cela signifiait dans le monde médical. Je vais citer wikipédia ( je me rends compte que cette source n'est pas fiable :) ):
"Le terme spécial de « dysphorie du genre » désigne un diagnostic à part attribué par les psychologues et médecins pour décrire les individus significativement mécontents (dysphorie) du sexe qu'ils possèdent depuis leur naissance, ou du rôle qu'ils possèdent à cause de celui-ci. La cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux utilise le terme de « dysphorie du genre » plutôt que celui de « trouble de l'identité sexuelle ». Le DSM-5 utilise le terme d'« incongruence de genre » pour une meilleure identification et moins de stigmatisation3.
Si je comprends bien, la dysphorie de genre est classée comme pathologie mais y-a-t-il une réelle différence avec ce qui était vu comme un "trouble de l'identité sexuelle" ( cette association de mots est vraiment transphobe) ou n'est-ce qu'une précaution oratoire? "Incongruence", c'est que ce n'est pas "convergent"? Si c'est le cas, je trouve ça aussi très transphobe: ça présuppose que sexe et genre sont intimement liés.
Je sais que je suis HS par rapport au validisme car, comme tu l'as fait remarqué à juste titre, être trans n'est pas une maladie mais vu que j'ai évoqué le sujet par rapport au sujet de départ, je pose la question ici pour y clore le truc. Je changerais de topic sur ce point si vous le souhaitez.

T'as pris en compte qu'une partie en fait. La différence c'est que le trouble de l'identité sexuelle, c'était que si t'étais en inadéquation avec ton genre 'biologique', t'avais un trouble. C'était une "affection". Comme le dit Wikipédia : "Dans le DSM-V, sorti en 2013, il n'existe plus de trouble de l'identité genre. La transidentité n'est plus une maladie." C'était considéré comme une maladie en soit. En gros les critères c'était que si tu voulais changer de sexe, t'étais malade quoi. Apparemment c'était aussi très binaire.
Là, la condition pour qu'on puisse dire qu'il y a un trouble, c'est que la transidentité soit porteuse de souffrance. Wikipédia simplifie avec cette phrase : "Autrement dit, être mâle et vouloir être femme, ou inversement, est une maladie si et seulement si la personne souffre de sa condition transidentitaire. Si elle vit bien sa situation, elle n'a aucun trouble mental.".
Je n'arrive pas à trouver les critères exactes du DSM-V pour appuyer tout ça. Cet article a l'air de bien évoqué les différentes révisions du DSM sur le sujet, et notamment tous les problèmes et la transphobie qu'il y a eut, mais il n'évoque pas le DSM-V (enfin si juste une phrase mais ça ne permet pas les éclairements nécessaires). Donc d'après cet article, il y a aussi la binarité qui a été viré depuis le DSM-IV-TR, donc wikipédia simplifie.

Par contre, je trouve le terme "dysphorie" plus adapté que "incongruence" :hesite:. "La dysphorie ou humeur dysphorique, généralement labile, désigne une perturbation de l'humeur caractérisée par un sentiment déplaisant et dérangeant d'inconfort émotionnel ou mental, symptôme de la tristesse, de l'anxiété, de l'insatisfaction, de la tension, de l'irritabilité, ou de l'indifférence."
S'ils veulent ne faire référence qu'à cette idée de souffrance, ça me parait adapté comme terminologie. Parce que congruence/incongruence, ça rappelle pas la notion de souffrance, ça rappelle comme tu le dis que "sexe et genre sont intimement liés" et que bah t'es congruent ou non congruent, donc je trouve ça hyper négatif et transphobe :hesite:.
 
  • Big up !
Réactions : Berserker
10 Décembre 2015
274
934
274
35
@Lullabye
Je suis tout à fait d'accord avec toi: une des expressions appuit sur le fait que ce qui compte ava,t tout est d'aider la personne à être moins en souffrance, non pas en contrecarrant la dysphorie mais el l'aidant à trouver ce qui lui conviendra le mieux alors que l'autre ça renvoie à une pseudo-anormalité.
Merci de tes réponses, t'es cool. Ca fait un peu " tu me fais un cours vite fait, s'te plait " :d
Le truc du DSM, c'est que tout bon professionnel qu'on soit, on reste un produit de la société. Heureusement, les choses évoluent, parfois trop lentement à mon grès mais on n'en est plus là on où on a été il n'y a pas si longtemps, de manière générale. Je trouve que dans bien des cas, il y a maintenant la notion de "mieux-être de la personne" qui prime plutôt qu'un retour forcé dans une certaine norme sociale.
 
@Lullabye je t'avouerais que c'est généralement pas trop comme ça qu'on voit les choses...
Disons qu'il y a d'une part la dysphorie corporelle (le sentiment qu'on est pas dans un corps qui correspond à notre identité). Cette dysphorie n'est pas présente chez tout le monde néanmoins. De même avec la dysphorie sociale (le sentiment de souffrance qu'on a lorsque quelqu'un n'utilise pas les bons pronoms, le bon prénom, nous genre d'une manière différente par quelque biais que ce soit - parce exemple lorsqu'on me dit "tu es une fille, donc [insérez ici préjugé sur les filles]" j'éprouve cette forme de dysphorie). Encore une fois, ça n'est pas présent chez tout le monde, même si on peut raisonnablement dire que ça concerne presque tout le monde.
D'autre part il y a le malaise par rapport au fait qu'on est pas accepté, et je me demande dans ce cas comment se situe ce qui est proposé par le DSM, je cite " "Autrement dit, être mâle et vouloir être femme, ou inversement, est une maladie si et seulement si la personne souffre de sa condition transidentitaire. Si elle vit bien sa situation, elle n'a aucun trouble mental."
Scoop : toutes les personnes trans souffrent de leur condition transidentitaire à un moment ou à un autre parce qu'elles ne sont pas socialement acceptées. Je crois que dans tous mes farfouillages d'informations pour FTM, j'ai croisé des personnes trans, des personnes non-binaires, des personnes qui avaient fait une transition médicale plus ou moins poussée, d'autres qui ne font pas de transition médicale par choix, d'autres qui ont changé d'Etat Civil... Et je n'ai jamais vu personne me dire qu'à un moment ou à un autre, iel n'avait pas souffert. Donc à partir de là, nous sommes tous malades et ça c'est rudement problématique quand même.
 

Lullabye

Ambassadrice de Ville
25 Novembre 2013
10 814
48 418
3 154
32
@AngelTen Richard II Hônnetement je peux pas t'en dire plus, je n'ai jamais étudié le sujet et d'un point de vue professionnel je ne compte pas l'étudier en fait. Pour moi si une personne trans' souffre, je vais chercher à l'aider à moins souffrir, à soigner ses symptômes anxio-dépressif si elle en a etc., mais ça va me servir à rien d'essayer de poser ce diagnostique :dunno:. Donc comme je l'ai dis, je n'ai pas trouvé stricto-sensu les critères du dernier DSM, donc je ne peux pas t'en dire plus. Ca me parait peu cohérent que le diagnostique puisse se poser à toutes personnes trans', je pense que c'est la notion de souffrance au sens "fort" du terme, doit y avoir une mesure d'intensité (peut être justement la recherche de symptômes dépressifs, ou bien que la personne fonctionne mal dans un des domaines de sa vie -socialement par exemple, ou au travail-, qu'il y a un côté invalidant).

Après, je reviens sur ce que je disais avant, un diagnostique déjà c'est posé par un professionnel. Donc oui, sûrement que toutes les personnes trans' ont souffert de ça à un moment de leur vie, mais en soit toute personne a souffert à un moment de sa vie, pour autant la plupart n'ont pas consulter parce qu'il/elle n'avait pas besoin de consulter. Donc par principe, aucun diagnostique ne peut leur être appliqué.
Puis le second point, c'est qu'un diagnostique ça une visée utile pour la personne. Un psychologue peut travailler sans poser de diagnostique. C'est juste un outil de travail, qui doit être fait dans le but d'aider la personne à qu'elle se comprenne mieux, ou que nous-même on la comprenne mieux pour mieux l'aider.

Normalement, aussi, pour les maladies mentales, on parle d'altération du fonctionnement. C'est l'idée qu'il y a un avant et un après. Par exemple, une personne avant sa dépression avait un certain fonctionnement, et une fois qu'elle est en dépression ce fonctionnement est altéré (la personne ne va plus au travail, à des difficulté à se lever etc.). Il y a l'idée qu'on a une ligne de base de fonctionnement, notre "propre fonctionnement normal". C'est pas une norme par rapport aux autres, c'est une norme par rapport à soi-même. Tout un chacun peut avoir des altérations de ce fonctionnement au cours de sa vie, parce qu'il y a ce continuum normal et pathologique, et qu'on peut vivre des événements difficiles. Si on perd son emploi, on peut avoir son fonctionnement altéré, ne plus avoir envie de rien, être plus triste qu'habituellement etc.
Le problème c'est quand ça dure. Il y a d'ailleurs souvent une notion de temps, de chronologie dans les critères du DSM. "Si depuis plus de 6 mois, la personne présente au moins 3 des symptômes ci-dessous". Parce que ça veut dire que la personne a un fonctionnement altéré par rapport à sa ligne de base, et qu'elle n'arrive pas à retrouver son état antérieur. Et cette altération est toujours source de dysfonctionnements dans un ou des domaines de sa vie, et/ou de souffrance. C'est l'idée qu'avant ça allait et qu'après ça ne va plus.

Donc, je suppose qu'il y a quelque chose dans ce goût-là par rapport à cette "dysphorie de genre". Par exemple que la personne a des symptômes dépressifs depuis plusieurs mois, que ça génère un dysfonctionnement quelque part (par exemple, la personne est moins performante dans son boulot, ou même qu'elle ne peut plus aller à son boulot). Quelque chose est franchement altéré par rapport à avant, par rapport à son fonctionnement de base, comme une humeur beaucoup plus triste, beaucoup plus colérique, une anxiété plus profonde, un rejet intense des autres, un repli sur soi. etc.
Parce qu'on peut souffrir sans être dysfonctionnel par rapport à notre habitude. Je vais prendre un cas plus commun, on peut grandement souffrir d'une rupture, pour autant si on est bien entouré, on peut très bien réussir à la surmonter, certes on va être triste, mais ça va peu affecter tous les domaines de notre vie ou du moins de façon très éphémère. Une personne trans' peut souffrir et continuer de mener sa barque.
 
10 Décembre 2015
274
934
274
35
@Lullabye
Je n'en suis malheureusement pas certaine. Il y a bien trop d'échos dans les milieux LGBT ( je ne veux pas dire que tous les trans pensent la même chose).
Ca me parait cohérent avec le fait que toute la société est transphobe: c'est logique, d'une certaine manière, que ça se retrouve chez des pros et leurs manières d'appréhender le fait d'être transgenre.
Je n'en suis que plus admirative de ceux qui dépassent cela ou font l'effort de se renseigner sans juger.
Il me semble que certains pro commencent à en parler de manière respectueuse et ouvrent des portes. De plus ( et là, ça rejoint mieux le propos de cette veille, les personnes concernées parlent, osent parler, se défendre).
Ce qui m'a surprise, c'est que la dernière fois que j'en ai parlé à un spécialiste, il a traité d'office sa consoeur de charlatanisme ( celle-ci tient en effet un blog).
 

Lullabye

Ambassadrice de Ville
25 Novembre 2013
10 814
48 418
3 154
32
@Berseker Au final, le coeur du problème c'est ça, c'est que la société est majoritairement transphobe ou du moins inculte sur la question, donc conséquemment des professionnels sont transphobes (dont des psy*). Après, comme j'étudie la psychologie et que je suis dans une fac ouverte (à comprendre : on ne fait pas que de la psychanalyse), ça me parait tellement absurde d'être transphobe quand on t'inculte de nombreuses valeurs sur la bienveillance, la diversité des personne, sur l'acceptation des autres tels qu'ils sont etc. On m'a enseigné beaucoup de valeurs positives, on m'a pas directement parlé de "psychophobie", je veux dire que le terme n'a pas été évoqué, mais finalement on nous a mis en garde contre ça, contre nos propres préjugés, contre la vision de la société sur la maladie mentale, sur les personnes concernées. Après, moi je suis encore étudiante, donc je suis la "nouvelle génération de psychologue" peut être, et on évolue avec notre société qui malgré tout progresse peu à peu sur toutes ces questions.
Après je n'ai pas fait de psychiatrie, mais il s'agit de nos confrère et nous on l'entend en boucle que la psychophobie est récurrente chez les psychiatres. Donc pas tous, mais bon, on a vraiment une approche différente. J'ai beaucoup de camardes qui sont aberrés par les comportements des psychiatres qu'ils/elles voient en stage... C'est un discours très répétitif. Et il y a un énorme clivage entre psychologues et psychiatres... Il y a pas mal d'endroits où ils ne travaillent pas vraiment main dans la main. Il y a beaucoup de psychiatres qui sont dans la surmédicamentation, qui ne comprennent pas qu'il existe d'autres thérapies etc. Ca je ne vous cache pas que c'est une réalité malheureusement.
Et pour moi les psychanalystes purs, qui n'ont ni fait un master de psychologie, ni un cursus en psychiatrie, sont des charlatans. J'ai 0 confiance en les psychanalystes.
 
  • Big up !
Réactions : Xylo' et Berserker
10 Décembre 2015
274
934
274
35
@Lullabye
J'en ai rencontré une top, qui respecte les points de vue comme elle dit. Après, j'ai un pote qui a été la voir par rapport à un problème avec son petit gars et il a relevé des structures de phrases inconscientes du style " chaque parent à son rôle. Maman doit tenir son rôle car pour X ...." Bon bah et donc, tu es dubitative sur le mariage ou la parentalité homo en fait ? Mon pote m'a bien dit que cette psychanalyste ne laissait pas ses opinions interférer mais je me demande dans quelle mesure ça n'interfère pas malgré elle ( et mon pote n'est pas homo donc...). Pour ma part, je ne le sais pas car elle ne m'a pas suivie.
Ce qui est compliqué avec les médecins, c'est que ce n'est pas forcément tout noir ou tout blanc. Ca ne signifie pas que c'est une excuse, il y a un vrai devoir de secours, mais àa peut être nuancé.
En ce qui concerne les psychiatres, je les déteste pour le mal qu'ils ont fait à des proches. Ainsi que tu le précise, il s'agit d'un secret de Polichinelle. Ils sont également, pour ceux que j'ai rencontré, si condescendants envers les psychologues.
 
  • Big up !
Réactions : Lullabye
2 Décembre 2014
94
590
144
La psychophobie est récurrente chez les psychiatres ? Que veux tu dire par là, ils se moquent de leurs patients ?
 

Les Immanquables du forum

Participe au magazine !
Une info qu'on devrait traiter sur madmoiZelle ?
 
Nouvelle ou perdue ?
Pas de panique, on t'aime déjà !

La charte de respect du forum
Le guide technique &
le guide culturel du forum
Viens te présenter !
Un problème technique ?
Topic d'entraide sur l'orthographe et la grammaire
 
La chefferie vous informe
Les annonces de l'équipe concernant le forum et madmoiZelle
Rendre visite à madmoiZelle
Le médiateur du forum
Soutiens madmoiZelle financièrement
Topic dédié à la pub sur mad
Si vous aimez madmoiZelle, désactivez AdBlock !

Les immanquables
Les topics de blabla
En ce moment... !

Mode - Beauté - Ciné - Musique - Séries - Littérature - Jeux Vidéo - Etudes - Ecriture - Cuisine - People - Télévision

Envie de rencontrer des MadZ ?
Viens trouver le forum de ta ville !

Mode
Le pire de la mode
Ces vêtements qui te font envie
Ta tenue du jour
La tenue qui plaît
Tes derniers achats de fringues

Beauté
Astuces,bons plans économies & dupes
Le topic des vernis
Questions beauté en tout genre
 
Culture
Le meilleur des images du net
L'aide aux devoirs
Tu écoutes quoi ?
Quelle est ta série du moment ?
Quel livre lisez-vous en ce moment ?
Le dernier film que vous avez vu à la maison
Le topic philosophique
 
Société
Topic des gens qui cherchent du travail
Voyager seule : conseils et témoignages
Trucs nuls de la vie d'adulte : CAF, Banque, Mutuelle, Logement etc...
 
Les topics universels
Je ne supporte pas
Je ne comprends pas
Ca me perturbe
Je me demande
J'adore...
Je m'en veux de penser ça mais...

Cupidon
Le topic des amoureuses
Le topic des polyamoureuses
Les Célibattantes