Olala ça met une boule au ventre tous ces témoignages
Et le pire dans tous ça, c'est que je ne me suis rendu compte que très récemment que je faisais également parti des (trop) nombreuses personnes ayant subit des attouchements au cours de ma scolarité... Je n'y avais jamais pensé de cette manière, je n'y avais même jamais réellement repensé, pour moi c'était quelque chose de "normal", c'était un jeu d'enfants, ça ne faisait même pas mal, c'était les garçons qui étaient comme ça, "boys will be boys", toussa toussa. Jusqu'à ce que je lise les articles de Madmoizelle concernant la culture du viol, et plus particulièrement ces deux articles, et que tout me revienne en mémoire. Comme quoi, en effet, le culture du viol se porte très bien
Comme beaucoup j'ai subit les mains aux fesses et aux seins ("Dit camion !") sans mon consentement, injonctions a être "jolie" et "féminine", même en primaire, les regards sous les jupes, les T-shirt sous-levés sans prévenir, etc. Je me rend compte aujourd'hui que j'ai
inconsciemment essayé d'être le moins féminine que possible, je me suis forcée à accentuer mon côté garçon manqué pour m'éloigner le plus possible de tout cela, j'ai même arrêté de mettre des jupes (et j'ai mis des années à réussir à en porter à nouveau en toute liberté, à me sentir bien dedans). Évidemment ça n'a pas suffit, j'avais un vagin et c'est tout ce qui comptait
Les souvenirs qui m'ont le plus marquée :
Je pense que le pire dans toutes ses histoires, c'est l'impression de "normalité" qui s'en dégage. Cette idée que ça fait partie de la puberté, que les garçons sont comme ça, que ça fait partir de leur apprentissage du corps de l'autre. Cette culture du viol est si profondément ancré dans nos mœurs que même les victimes ne se rendent pas compte qu'elles en souffrent. Je n'ai mis un mot sur ce qu'on m'a fait que des années plus tard, quand j'ai commencé à m'informer sur la culture du viol, et aujourd'hui encore j'ai du mal à mettre le mot "agression sexuelle" sur ce que j'ai vécu. Je n'ai réalisé que récemment que
j'avais le droit de dire non, que ce garçon n'avait pas à me faire ça, même par jeu, même au cœur de la puberté,
si je ne le souhaitait pas. Pourtant j'ai grandit dans une famille féministe, si j'en avait parlé à mes parents je sais qu'ils n'auraient jamais pris ça a la légère, que ma mère aurait fait un scandale pour ça (j'aime ma maman
), mais le problème est que je n'avais même pas conscience qu'il s'était passé quelque chose de mal. Ce n'était pas un viol, il ne m'avait pas frappé, il n'y avait pas eut de violence, je n'étais même pas vraiment traumatisé ! Je faisais vraiment des histoires pour rien. Dans mon esprit, c'était moi la rabat-joie, moi la gamine.
Moi qui, en tant que femme, n'avait pas le droit de refuser à ce camarade masculin de me toucher. Parce qu'il était gentil, qu'il me faisait des compliments, et puis je m'étais mise en maillot de bain devant lui, tout en sachant qu'il était "en manque", je l'avais un peu cherché non ? Et puis j'étais venu habillée en jupe et petit débardeur, je lui avait envoyé des signaux, je n'avais qu'à pas m'habiller comme ça, de quoi je me plains ? J'aurai du me sentir flatter au contraire (non).
Comme quoi, on peut être élevée par un couple féministe pure et dure, on ne peut jamais totalement échapper à la société et à cette culture du viol si tenace et ancrée dans tout ce qui nous entoure. Tant que ce sexisme ne sera pas remis en cause, on aura beau supprimer portables/porno/jeux-vidéos/insérer-ici-un-bouc-émissaire-quelconque, les petites filles et adolescentes continueront de se faire toucher et violer sans même en avoir réellement conscience. Il y a des jours où je me demande si les médias font exprès de se focaliser sur des broutilles en évitant le vrai problème, où s'ils sont eux-mêmes tellement imprégnés de cette culture qu'il ne s'en rendent même pas compte
Voilà voilà, je suis désolée pour ce long post qui n'apporte pas grand chose au débat, enfonce des portes ouvertes, et n'est pas très joyeux. C'est la première fois que je parle de tout ça et que je met des mots dessus, j'imagine que j'en avais besoin
Ces deux articles me touchent beaucoup, et j'aimerais faire un énorme câlin à toutes les filles qui témoignent