Alors oui, je suis d'accord, si une femme tombe enceinte,
il y aura forcément des conséquences pour elle. C'est normal, c'est une grossesse, c'est quelque chose qu'il est évidemment difficile d'ignorer. Oui, c'est dans la femme que ça se passe, dans son corps, ce qui peut avoir des conséquences physiques et psychologiques. Oui, il peut arriver qu'une femme fasse une déni de grossesse, soit intimement contre le fait d'avorter, ne puisse pas abandonner son enfant, et ne puisse ainsi pas emprunter l'une des voies lui permettant de s'extirper de cette nouvelle source de responsabilité. Oui, si elle poursuit sa grossesse, elle court des risques de fausses couches, de complications, voire, à des risques fort heureusement très faibles, de mort en couche. Et oui encore, si elle décide de garder l'enfant plutôt que d'avorter ou de l'abandonner, elle devra s'en occuper.
Et alors ?
En quoi ces faits rendent-ils nécessaires l'obligation à la paternité ?
Par là, je ne veux pas dire que les difficultés et les problèmes encourus par ces femmes ne comptent pas. Non. Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas parce qu'une femme a une
réaction émotionnelle (que je ne critique pas, rien de négatif dans ce fait) suite à un événement accidentel qui concerne pas qu'elle
qu'il faut forcément que toutes les personnes impliquées fassent ce qu'elle veut qu'ils fassent, contre leur gré.
Dire qu'un père devrait avoir les mêmes droits de non-responsabilités que la mère, ça ne veut en AUCUN CAS dire qu'il a raison d'être un salaud, ni que son comportement doit être préjudiciable voire dangereux pour la femme. Cela veut seulement dire qu'il n'a pas dans l'obligation d'être un père. Au même niveau qu'une femme qui tombe enceinte peut refuser la maternité, sans que cela fasse d'elle une salope.
Pourquoi un homme qui fuit la paternité serait plus dans son tort qu'une femme, dites-moi ?
Je ne comprends pas trop tous ces réactions à propos de la contraception. En quoi cela entre en compte dans la question présente ?
En quoi le fait que le problème de contraception soit du fait de l'homme ou de la femme ait un quelconque impact sur le droit ou non à la non-ma/paternité ? Si tu as oubli la capote, c'est ta faute, donc
sois père et tais-toi ? Si tu as oublié la pilule, c'est ta faute, donc
sois mère et tais-toi ? C'est vraiment ce que vous voulez dire avec cet argument ?
Pour moi, ce n'est pas parce qu'une personne s'occupe de prendre ou d'utiliser un moyen de contraception que celle-ci se retrouve toute seule à en avoir la responsabilité. Je pense que la contraception est la responsabilité des deux individus impliqués, et ce quel que soit les circonstances. Demander "est-ce que tu as un préservatif ?" ou "tu as bien pris ta pilule ?", c'est tout autant se responsabiliser sur la contraception que de se mettre un préservatif ou de prendre sa pilule. Et cela peut aussi passer par la confiance qu'on met en l'autre.
Chercher forcément à donner la responsabilité à quelqu'un en particulier n'a clairement pas de sens ici, on ne cherche pas celui qui doit être puni. Donc, sauf pour un oubli volontaire, une tromperie ou une manipulation de l'autre, il n'y a pas de "coupables".
Par ailleurs, même dans les cas où le type a juste oublié/omis volontairement de mettre une capote... Un oubli de préservatif peut se constater aussi du côté de la mère : la plupart du temps, une femme peut voir si son partenaire en met un ou pas. Donc c'est aussi de la responsabilité d'une femme de lui dire "Non". Et oui, un homme peut être insistant. C'est un cas parmi d'autres, une possibilité (et PAS un comportement obligatoire, ne généralisons pas), et c'est abominable qu'une femme puisse à ce point manquer de confiance en elle pour finir par plier (ou être trèèès excitée, mais là, c'est une autre histoire) en sachant qu'elle peut se retrouver dans une situation de grossesse non désirée.
Mais cela nous montre un autre combat, celui de donner confiance aux femmes. Obliger les hommes à prendre leurs responsabilités à cause de ça, ce serait comme dire d'interdire la pilule parce que certaines femmes peuvent avoir des maux de tête, ce serait vraiment prendre le combat dans le mauvais sens. Et ça n'empêcherait pas les femmes de se mettre dans des situations de grossesses non désirées (puisque cette obligation de paternité EXISTE DEJA), ce ne serait donc pas les aider, juste handicaper les hommes
en général. Punissons la classe entière pour un méfait accompli dans les rangs, c'est ça ?
Je ne dis en rien qu'un homme qui ne met pas de capote volontairement et à l'insu de sa partenaire (ou en l'obligeant) a raison. De même qu'une femme qui ne prend pas sa pilule volontairement et sans mettre au courant son partenaire n'a pas raison non plus.
Toutefois, ce n'est pas parce que des comportements peu acceptables existent qu'il faut faire attaquer les droits de tous les autres. Ce n'est pas juste.
Je comprends qu'on puisse s'insurger pour certains cas. Un homme qui accepte que sa partenaire tombe enceinte et qui lui dit qu'elle a le droit d'attendre l'un de ses enfants ne devrait, en effet, pas avoir le droit de fuir ensuite ses responsabilités. Humainement parlant, c'est très regrettable. Mais
c'est un cas particulier. Tous les hommes ne sont pas à limiter à cet unique cas de figure. Je trouve même ça assez dangereux de décider qui a le droit de quoi en se basant sur quelques histoires personnelles d'abus dudit droit (qui n'existe pas, en passant).
Non parce que, sinon, on pourrait aussi retirer le droit d'accoucher sous X. Bah oui, une mère pourrait avoir changé d'avis entre son début de grossesse et son accouchement. Non, parce que j'en connais une dans ce cas, c'est l'une des meilleures amies de ma mère, qui est tombée enceinte volontairement (et à l'insu d'un autre homme, d'ailleurs), et qui s'est ensuite rendue compte qu'elle n'était pas prête pour être mère. Et je peux très facilement dire "Je suis sûre qu'elle n'est pas la seule", comme on peut dire qu'on est sûr qu'un homme qui laisse une femme tomber enceinte n'est pas le seul à soudainement l'abandonner alors qu'il n'était pas pris par surprise. On pourrait le dire. Mais voilà, je préfère me dire que l'accouchement sous X est une mesure qui servira à des femmes qui le méritent aussi. Et cela ne change finalement rien au débat :
doit-on combattre pour qu'un homme n'ait pas le même droit qu'une femme sous prétexte que tous les hommes (comme toutes les femmes) ne sont pas des personnes biens et pourraient en abuser ?
Moi, je ne veux pas que quiconque choisisse pour moi et m'oblige à être mère si je ne le veux pas, même pour un simple soutien financier. Parce que cela peut aller au-delà que 300€ par mois. On a l'impression qu'un homme
ne peut pas mal vivre cette situation sous prétexte qu'il ne veut pas être père,
comme si refuser la paternité allait forcément de paire avec une mauvaise personnalité. J'ai même l'impression que
vous vous situez toujours dans le cas où l'homme est un gros salaud. Ce n'est pas une règle générale, hein,
il y a des hommes de tous types. Si on devait créer chaque loi en fonction du mauvais comportement que le groupe de personnes concernées pourraient
potentiellement adopter, on n'aurait jamais laisser l'IVG exister. Tout simplement parce qu'il existe des femmes qui vont mal se comporter vis-à-vis de ça, en se disant par exemple "tiens, ça va être mon moyen de contraception, dorénavant".
Et le fait que je veuille que ce droit existe ne veut pas dire que j'encourage sa mauvaise utilisation. Un homme qui est en couple avec une femme enceinte et décide de l'abandonner est un gros salaud. Mais ce serait pareil si une femme décide au dernier moment d'accoucher sous X alors qu'elle est en couple. Et pourtant, elle y a le droit.
Le fait qu'une mauvaise utilisation d'une loi existe ne veut pas dire qu'il ne faut pas l'instaurer, cela veut dire qu'il faut mieux la penser ou admettre qu'elle ne sera pas parfaite.
De plus, n'imaginons pas que cela deviendrait la carte de sortie de tous les hommes. C'est comme avec l'accouchement sous X,
ça serait juste une option, cela leur confère juste
le même droit que les femmes, et donc la possibilité d'avoir un impact sur cet événement tout comme elles.
Donc t'es une femme, tu tombes enceinte par accident et tant pis pour ta gueule c'est biologique alors démerde toi.
Oui, tu es une femme, c'est bien parce que c'est
biologique que tu tombes enceinte. Je te le confirme. Après, quel intérêt de détourner nos propos pour donner l'impression qu'on est contre les femmes ? On n'a pas dit "démerde-toi", on a dit que la société actuelle travaille à lui donner des solutions, pour lutter contre cette réalité biologique qui l'a fait tomber enceinte : elle peut avoir recours à l'avortement ou à un accouchement sous X.
Dire qu'un homme ne devrait pas être obligé d'être père ne veut pas dire nier les droits d'une femme ou le fait que ça soit un événement traumatisant pour elle. Elle est enceinte, cette femme hypothétique, donc que l'homme puisse refuser la paternité ou non ne changera rien à cette réalité biologique. La vie est injuste, la rendre plus injuste n'y changera rien.
Si t'avortes c'est cool mais surtout n'en parles pas trop à l'homme faudrait pas le truamatiser.
Je ne vois pas pourquoi tu évoques ce comportement (critiquable, il est vrai) puisqu'il n'est pas l'objet de ce dont nous parlons :
on se concentre sur le cas où la grossesse est menée à son terme et où l'homme a le devoir (et non pas le droit) d'être père, là où la femme n'est obligée à rien. S'il faut qu'ils échangent après l'avortement, c'est bien qu'il n'y a plus de problème de paternité à prendre en compte.
Personne n'a non plus dit qu'un avortement était cool ou qu'elle ne doit pas en parler à un homme pour ne pas le traumatiser. Mais vraiment,
personne ! Dire qu'un homme a le droit de ne pas vouloir être père, ça ne veut pas dire qu'il ne devrait pas humainement accompagner une femme qui se fait avorter.
D'ailleurs, je pense qu'un homme devrait être accompagner une femme à l'avortement, participer aux frais, et même la suivre tout le long de la grossesse, en ayant cependant le même droit qu'elle à l'arrivée : celui de décider de ne pas être père. Ce serait plus juste, plus responsable, et cela règlerait pas mal des problèmes évoqués ici, qui me semblent essentiellement liés à la grossesse.
Si tu le garde alors assume ma grande. C'est biologique on t'a dit.
Euh, bah oui. Tu voudrais quoi, qu'elle n'assume pas l'enfant dont elle vient d'accoucher (et qu'elle a
décidé de garder) et qu'elle ait le droit d'être une mauvaise mère ? Euh. J'ai dû mal comprendre ce que tu trouves choquant ici. Et encore une fois, remarque hors sujet, d'autant que la mère
a le droit de ne pas assumer son rôle de mère (en avortant ou en accouchant sous X). La question, c'est que... ce n'est pas le cas du père.
Lui n'a pas le choix. Donc bon, à part montrer qu'on ne devrait tenir personne d'assumer un rôle qu'il ne veut pas tenir (et donc aller dans mon sens), je ne vois pas ce que tu critiques dans mes propos ici.
Et je suis d'accord,
la maternité forcée n'est pas le pied. Cependant,
en quoi est-ce que ça veut dire qu'il faut que la paternité le soit aussi ? Là, on parle d'un pays où la maternité n'est pas censée être forcée, et où la paternité l'est.
Il y a beaucoup d'endroits où l'IVG n'est pas une option, c'est vrai. Dans ce cas, plutôt que de combattre pour que les hommes soient obligés d'être pères, pourquoi ne pas combattre pour que l'IVG devienne une option dans ces lieux ? C'est quoi le principe : on n'a pas tous les droits en tant que femme, donc on va faire en sorte que les hommes n'aient pas les mêmes que nous ? C'est une course aux droits, celui qui en a le plus gagne un bon point à la fin ? Si on suivait ce principe, l'IVG n'aurait même pas pu exister, tout simplement parce qu'on aurait préféré lutter pour que tout le monde soit lésé. Et ça, je n'en vois PAS l'intérêt. Pour moi, l'égalité entre les hommes et les femmes ne doit pas se faire sur des abus, voilà tout.
Verser une pension ne t'empêchera en rien de refaire ta vie, d'avoir d'autres gosses et de vivre tranquille. Alors qu'une mère célibataire ? Elle va en chier pendant des années, se verra refuser des boulots, sera jugée par le reste de la société comme une "fautive" et manquera vraisemblablement d'argent. Alors oui pour moi il est normal que le mec ait obligation de verser une pension.
Tous les hommes ne sont pas riches, je pense donc que
verser une pension peut avoir des conséquences. Tu n'en as pas forcément les moyens. Cet argent, c'est de l'argent que tu aurais pu investir dans autre chose, c'est aussi un événement qui peut changer ta vie. Ce n'est pas rien ni minimisable, à mon avis.
Ce que je vais dire pourrait sembler très dur, mais est vraiment à prendre avec pragmatisme :
la mère célibataire a eu le choix de ne pas l'être. Elle savait qu'elle pourrait en chier pendant des années, se voir refuser des boulots, être jugée par le reste de la société comme une "fautive" et manquer d'argent. Si la seule chose qui la fait décider de subir tout cela, c'est une pension versée tous les mois, alors je ne comprends pas le raisonnement. Si en revanche elle a décidé tout cela parce que
ses convictions faisaient qu'elle ne pouvait envisager de choisir l'une des solutions pour fuir ces conséquences, soit l'avortement ou l'abandon de ses responsabilités de mère, eh bien il s'agit-là de
SES convictions, et je ne vois pas en quoi cela devrait primer sur celles du père.
Elle a tenu à
avoir cet enfant pour des
raisons qui la concernent et en
connaissance des conséquences.
Il a tenu à
ne pas l'avoir pour des
raisons qui le concernent et en
connaissance des conséquences.
Où te semble-t-il logique que le fait qu'elle veuille cet enfant doive aller à l'encontre du fait qu'il ne le veuille pas ? Ou qu'il ne soit pas autorisé à s'en occuper, il y a des cas où des femmes quittent un homme dont elles attendent un enfant et ne désirent rien de plus qu'une pension sans lui laisser la possibilité d'être père. C'est un cas, ça arrive, on n'est pas forcément qu'un salaud.
En outre, dans le cas inverse, c'est déjà la femme qui a voix au chapitre.
S'il veut le garder mais qu'elle n'en a pas envie, on ne lui imposera pas, à elle, d'assumer sa maternité. Ce que je trouve tout à fait normal. Pas seulement parce que c'est son corps, mais aussi parce qu'on n'a pas à l'obliger à être mère alors qu'elle ne le veut pas, ne se sent pas prête, n'a pas les moyens, etc.
Mais alors pourquoi est-ce que ça semble normal qu'elle lui impose la paternité de son côté ?
Sinon, pour les deux autres arguments : le fait que l'homme prenne ses responsabilités ne change en rien les risques de déni de grossesse ou de difficultés lors d'une grossesse. Je le dis plus haut dans mon message, ce n'est pas parce que la femme qui doit continuer sa grossesse va subir des conséquences que l'homme doit se sentir responsable pour 18 ans (ou plus, visiblement, si l'enfant en a besoin). Et dans ce cas, on se demande pourquoi certaines femmes se réveillent 10 ans après pour demander de l'argent et des intérêts, si ce n'est réellement que la grossesse qui pose problème.
D'ailleurs,
@Nouanda, c'est justement parce que je prends en compte qu'il y a des tas de situations différentes que j'ai envie de dire qu'
un homme devrait avoir le même droit qu'une femme quant à la paternité. Je sais, ce n'est pas satisfaisant, tu voudrais que je t'écrive tout un projet de loi et que je réfléchisse à toutes les infrastructures à créer ou modifier pour que cela puisse se faire, parce que j'entends bien que c'est frustrant... Mais voilà, on peut juger qu'il y a un problème de droit, et ne pas avoir encore réfléchi à toutes les solutions et toutes les implications. C'est aussi pour ça qu'on en discute, et je pense qu'il n'est pas problématique de commencer à l'évoquer pour lancer une idée.
Je sais que ce que ta mère a vécu est difficile. Ce que tu vis est difficile. Et je suis désolée, parce que tu sembles être beaucoup touchée par cette question. Je ne voulais pas te blesser en évoquant cette idée, vraiment, et j'espère que tu comprends mieux ce que je veux dire...
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Cependant, le fait que cet homme qui te serve de père ait mal agi ne veut pas dire qu'un homme devrait, s'il ne veut pas être père, être obligé à l'être et à assumer ce rôle financièrement.
Quant au comportement de ton géniteur, c'est celui d'un salaud, pas d'un homme, dans le sens où tous les hommes ne sont pas comme ça et ne devraient pas subir les écarts d'un de leurs pairs.
Cela dit, j'ai pondu un pavé parce que c'est une question qui m'intéresse, mais cela sort du cadre du féminisme pure, et je comprends qu'on ne veuille pas lutter pour ça. Ce qui ne m'empêche pas de trouver que c'est un droit qu'un homme devrait avoir.
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