@Parker Hale : Justement, c'est ce que la gestion des risques vise à déterminer (j'en avais vaguement fait dans un tout autre domaine il y a quelque temps - donc c'est possible que je raconte tout à fait n'importe quoi) : il faut examiner l'existence du risque, ses caractéristiques ; l'existence en contrepartie de ce risque d'un avantage, lui aussi à préciser ; et enfin déterminer jusqu'où peut-on aller sans prendre un risque trop grand par rapport aux avantages escomptés pour prendre sa décision.
Exemple : un mec bourré, qui ne porte rien d'autre qu'un slip déchiré, qui se touche la nouille, en agitant un tesson de bouteille dans l'autre main te propose de monter chez lui pour voir sa collection de bouchons en plastique. Très clairement, le risque déduit de son comportement est largement supérieur au plaisir d'admirer des bouchons de bouteille de lait rouges et bleus.
Par contre, si tu ajustes les variables, la ligne qui marque "risque > avantages" devient moins évidente : tu croises au supermarché un ami d'un ami, que tu as croisé une fois en soirée sans que vous ayez discuté plus que ça, il te propose de passer la soirée chez lui, vu que tu n'as rien de prévu, et qu'en plus il a la version Bluray du film dont est inspiré ton t-shirt. Là, il faut déterminer si risque il y a (monter chez un quasi-inconnu), si l'avantage que tu peux escompter existe (le film méga trop bien), et pondérer les deux.
Du coup, la gestion des risques, ça revient à se demander si : puisque les agressions existent (bien qu'elles ne devraient pas exister), est-ce qu'il faut adapter son comportements en fonction de ces risques d'agression, et si oui, de quelle manière ? Et la problématique dans le féminisme, c'est qu'on va adapter notre comportement à des risques qui nous sont propres, alors qu'on dénonce l'existence même de ces risques et les comportements qui en découlent.
Par exemple, picoler comme un trou n'est que rarement un choix raisonnable. Mais les risques qui découlent de ce comportement ne sont pas les mêmes selon ton genre (pour simplifier) : tu risques une gueule de bois si tu es un cismec ; tu risques plus d'agressions physiques si tu n'es pas perçu comme un cismec. Donc, si tu es un cismec, tu ajustes ta consommation d'alcool selon la gueule de bois qu'elle te fait risquer. Si tu n'es pas un cismec : est-il juste que tu doives ajuster ta consommation d'alcool en raison des risques supplémentaires que ton genre induit ? Juste, non. Est-ce que c'est nécessaire, est-ce que c'est judicieux ? Là, il s'agit d'une échelle de réponse, qui peut aller du "sans doute pas", au "sans aucun doute".
Et cette échelle de réponse, tu vas l'appréhender différemment selon ton positionnement féministe : "C'est pas juste que je ne puisse pas picoler comme Jean-René ; donc je vais picoler comme lui." ou "Ce n'est pas juste que je ne puisse pas picoler comme Georges-Eustache, mais je ne vais pas risquer une agression pour autant." - tout en regrettant dans les deux cas d'avoir à se poser cette question. Il n'y a pas vraiment de bonne réponse, tu vas pondérer les risques et les avantages selon une échelle de valeurs qui t'est propre.