@Cilijoya En intro, je précise que je ne suis ni parents ni childfree (je clarifier vu le titre du topic que tu as choisi pour me répondre
)!
Je ne veux pas reprendre un débat houleux en citant des petits bouts de phrase, mais je ne dis pas que tout l'échange était choquant.
En ce qui concerne le sujet des pères, ce n'est pas une problématique inintéressante et la question du rejet du materféminisme aurait pu être enrichissant, mais j'ai trouvé que l'échange commençait quand même un peu en mode "c'est pas mon problème" dès les premières pages alors qu'on abordait une problématique sensible pour les femmes qui sont mères. Et je trouve ça franchement bof niveau féminisme. On n'est pas obligées de se sentir empathique ou concernée pour tous les sujets, on peut aussi penser qu'une féministe a mal ciblé ce contre quoi elle lutte, mais il y a façon et façon d'en discuter, et la première étape à mon avis consiste à écouter avant de dire "je ne partage pas cette vision".
Un débat sur l'implication des pères est nécessaire, mais dans le contexte de cet article, et de la manière dont ça a été introduit, c'est un peu comme si pour chaque problématique féministe dont on discute entre féministes, j'intervenais en disant "ouais bah allez le dire aux hommes d'abord parce que c'est eux le vrai problème!" au lieu de me demander comment je peux contribuer à mon niveau à améliorer les choses, si j'ai moi-même des attitudes problématiques ou vraiment, si je ne me sens pas du tout concernée, laisser les personnes qui se sentent affectées s'exprimer avant de chercher à pousser le débat. Je ne crois pas du tout que les rédactrices de MadmoiZelle ou les Madz nient l'importance d'impliquer les pères en plus
Donc j'ai vraiment eu le sentiment que certaines MadZ réagissaient en mode "je ne vais pas prendre en compte vos remarques parce que les pères font pire que moi et vous me parlez à moi au lieu de leur parler à eux". Or, ce n'est pas parce que les hommes sont largement responsables des difficultés des femmes que les autres femmes n'y contribuent pas aussi à leur échelle (et quand je dis les femmes, je préfère le souligner, je ne parle pas spécialement des femmes sans enfant mais des femmes en général) et en milieux féministes, on est aussi censées se remettre en cause personnellement ou en tant que groupe au lieu de simplement tout pointer sur les hommes, parce que c'est un peu utopique d'espérer qu'ils changent en lisant un article alors que nous, déjà, à notre niveau, on peut faire quelque chose pour aider les autres femmes.
Mais cette partie-là de la discussion, le point sur le materféminisme et les pères, ce n'était pas la partie choquante pour moi. J'ai peut-être trouvé ça regrettable qu'on détourne le débat sur les pères - je dis détourner, car pour moi, le lectorat d'un magazine féminin étant majoritairement féminin, ce qui rend donc logique pour la rédaction de ne pas faire un focus hyper lourd sur les hommes quand elle s'adresse à son lectorat et n'écris pas un article de fond sur les mécanismes du problème, c'est un peu une stratégie qui nous permet d'éviter de regarder en face nos potentielles attitudes problématiques que de dire "bah adressez-vous aux hommes plutôt". En plus, la polémique Twitter avait été largement portée par des femmes à ce que j'en ai vu, donc c'était vraiment pas uniquement les hommes qui peuvent avoir un discours pesant pour les mères évoluant avec leurs enfants dans l'espace public et l'article parlait de ce discours avant tout! Bref, je ne trouvais pas spécialement pertinent de vouloir parler à tout prix des pères dans ce contexte, mais à la limite bon, pourquoi pas. C'est aussi ça la beauté des débats des commentaires!
J'ai surtout trouvé dommage que les mères qui auraient pu avoir un espace pour exprimer leurs difficultés dans l'espace public et comment ça impacte leur vie se fassent envoyer balader de cette manière et confisquer leur temps de parole pour en faire une problématique childfree alors que justement, ce n'était pas un article sur les childfree!
A part ça, je trouve qu'il y a eu des messages assez choquants et pas très compatibles avec le féminisme qui ciblaient les mères dans le débat, ça a été pointé par d'autres personnes que moi donc inutile de m'étendre dessus, mais ça m'a vraiment interloquée que ce type de propos soit défendu comme légitime et limite brandi en étendard comme du militantisme childfree
En revanche, la problématique de l'implication des pères et tout ce qui tu expliques dans ton message, je trouve ça intéressant et important d'en discuter. C'est juste que je ne trouvais pas que c'était vraiment aussi central au problème évoqué. Parce que dans tous les cas, le problème pointé c'était aussi le manque de tolérance des gens vis-à-vis des enfants dans l'espace public et la présence d'un père ne va pas forcément résoudre le problème si nous en tant que badauds on ne réfléchit pas un peu à comment nos soupirs exaspérés et nos regards noirs peuvent avoir un impact sur les parents.
Quand je travaillais avec les enfants, j'ai eu une fois une famille avec deux enfants très relous, mais le père et la mère semblaient mobilisés à peu près pareil (la mère avait d'ailleurs un boulot plus prenant que le père). A un moment, je me suis retrouvée en avion avec eux. Leur fille de 4 ans, assise à côté du père, s'est mise à hurler qu'elle voulait "maman" exactement au moment du décollage, donc autant dire au moment où elle ne pouvait pas plus être déplacée. Le père a tout fait pour la calmer, vraiment, mais elle hurlait comme une furie et tout l'avion regardait les parents avec désapprobation (et ceci dit, j'ai trouvé l'avion plutôt patient avec ce père comparé à ce que j'ai pu voir avec des mères - en avion, j'ai déjà vu des passagers interpeler les hôtesses avec fureur pour faire taire des bébés dans les bras de leurs mères). Du coup, dès qu'ils ont pu enlever les ceintures après 15 minutes de hurlement, la mère s'est précipitée pour récupérer la petite, car la solution pour que les inconnus de l'avion ne leur adressent plus de regards noirs, c'était de refiler le boulot à la mère. Bref, l'investissement du père, je ne suis pas sûre que ça soit toujours la solution ultime à cette question des enfants bruyants dans l'espace public. L'espace public, ça oblige même parfois à aller au "plus simple" et donc à se rallier à des schémas sexistes bien établis parce que les contourner nécessite du temps et une patience que les étrangers dans la rue n'ont pas.
Bref, tout ça pour dire que j'ai trouvé le sujet était un peu détourné, même si je ne nie pas que ces questions sont importantes (et sans être childfree, je suis confrontée à une grande partie des problèmes que tu évoques). Après, c'est peut-être justement parce qu'ayant travaillé avec des enfants, j'ai été confrontée au traitement des femmes avec enfants dans l'espace public (je l'ai subi moi-même) et des enfants eux-mêmes dans l'espace public (big up à la bibliothécaire de quartier par exemple qui s'est précipitée sur un petit enfant racisé que je gardais pour lui hurler de faire moins de bruit ou sinon il part alors qu'on était tous seuls ce jour-là et qu'il parlait parce que je venais de lui poser une question). Peut-être que les problématiques évoquées ne parlaient pas aux personnes qui ne se sont pas retrouvées dans cette situation, ce qui explique que le sujet qui me paraissait central à moi paraissait mineur à d'autres?
Mais en tout cas, merci d'avoir pris le temps d'expliquer ta position et ta réaction à l'article que je comprends tout à fait même si je n'ai pas perçu les choses de la même manère!