@MorganeGirly :
Alors, je te retrouve le passage comme ça ce sera plus clair :
Pardon pour ce pavé mais comme ça t'a interrogée je préfère autant restituer quasiment tout le passage

Pour la religion il s'agit plutôt de la religion chrétienne (j'avais peut-être pas précisé). Perso j'ai même pas lu la Bible donc je peux pas commenter. Je pense que l'idée, c'est que tu peux trouver des choses que font les femmes dans les contes ou dans la Bible qui sont plutôt admirables, mais qu'elles seront quand même toujours moins héroïques que les hommes.
Ce que constatent majoritairement les petites filles, c'est que les hommes sont actifs à la fois dans la fiction et dans la réalité...
Merci d'avoir recopié ça
Je suis pas hyper convaincue par les affirmations de Beauvoir. J'ai l'impression qu'elle mélange tout dans un grand sac, à la fois les textes originaux, les représentations du Moyen-Âge, celles de la Renaissance et celles d'aujourd'hui. Citer "un jour mon prince viendra", la chanson de Disney au milieu d'un passage sur les contes, je trouve ça moyen car le message des Disney dévie beaucoup de celui des contes.
Et puis bon, je le retiens pas contre elle car c'est logique après tout mais je trouve qu'une partie de ses reproches concernant ces personnages de femmes est très "féministe à l'ancienne" du genre à considérer que l'idéal social c'est la position des hommes mais sans remettre en cause le fait que les hommes agissent aussi en étant soumis à des valeurs spécifiques à leur genre. En gros, elle semble vouloir que les héroïnes soit "héroïques comme les hommes" sans prêter attention au fait que l'héroïsme ne devrait pas nécessairement se juger selon les normes masculines.
Par exemple, je trouve ça un peu fou qu'elle dise "Esther a obtenu la grâce des Juifs en s'agenouillant devant Assérus, encore n'était-elle qu'un instrument docile entre les mains de Mardochée" alors que les juifs reconnaissent Esther comme une héroïne qui sauvé leur peuple. Pour le coup, elle voit l'action d'Esther à travers une vision très masculinisée de la société. Esther n'est pas une vraie héroïne, pourquoi? Car ce n'est pas une chef de guerre? Parce qu'elle a utilisé les armes qu'elle avait en temps que femme dans une société patriarcale? Au moins, la religion juive reconnait que sa manière de lutter pour son peuple n'est pas moins respectable parce qu'elle n'a pas "joué comme les hommes", je trouve ça dommage qu'une féministe ne le voit pas.
Idem quand elle dit "Judith a eu plus d'audace mais elle aussi obéissait aux prêtres" (Judith est une chef de guerre justement, d'où le fait qu'elle juge qu'elle 'plus d'audace' j'imagine). Mais c'est un peu gonflé de suggérer que ce n'est pas un vrai personnage indépendant parce qu'elle obéit aux prêtes... sachant que dans l'Ancien Testament, les personnes masculins passent leur temps à agir sur instruction divine et non de leur propre initiative.
Ensuite, ça me surprend vraiment qu'elle cite Prométhée et Eve dans le même paragraphe mais ne fasse absolument pas le lien; présentant l'un comme un héros superbe et l'autre comme une simple copie d'Adam, sachant que leur parcours est TRES similaire. On oublie souvent que la "pomme" qu'Eve a mangé, c'est la pomme qui donne la connaissance du Bien et du Mal, la pomme du savoir. Dieu ne voulait pas que les humains disposent de ce savoir puissant, comme Zeus ne voulaient pas que les humains connaissent leu feu (aussi nécessaire à leur évolution) qui risqueraient de les rapprocher dangereusement de lui. En mangeant la pomme, Eve a certes perdu l'insouciance bienheureuse de l'enfant mais elle a permis aux humains d'obtenir le savoir (et le Serpent l'avait prévenue de l'intérêt de la pomme, elle ne l'a pas mangé au hasard). Comme Promothée, elle a été punie pour ça par le Dieu suprême donc pour moi, les deux figures sont très similaires.
Puis sa phrase sur les déesses mythologique me semble très méprisante et pas du tout historique. Encore une fois, je pense qu'elle mélange la manière dont on se représentait la mythologie grecque dans les années 50 et la véritable culture grecque antique.
J'ai lu plusieurs travaux d'historiens qui suggèrent qu'Aphrodite serait une déesse particulièrement puissante, une sorte de résurgence de la Déesse-Mère de la Préhistoire, et que sa puissance archaïque n'est pas vraiment soumise à Zeus.
Les déesses ne tremblent pas spécialement devant Zeus, même si elles acceptent son règne. Dans
L'Illiade c'est plutôt Zeus qui semble assez impuissant face à la volonté des déesses. Il tente plusieurs choses (promettre la victoire aux Troyens, faire reconnaitre la victoire de Ménélas contre Pâris, demander la neutralité des dieux dans le conflit, soutenir Hector et les Troyens...) mais les vraies leaders du conflit sont Athéna et Héra du côté Grec et Aphrodite du côté Troyen. Résultat, Zeus est complètement dépassé, Héra et Athéna lui désobéissent plusieurs fois, Aphrodite ignore ses demandes etc. Au final, le camp qu'il soutenait à l'ouverture perd... pour moi ça montre bien que les déesses ne sont pas "frivoles ou capricieuses et toutes tremblent devant Jupiter".
Alors c'est vrai que tous les textes que Beauvoir mentionne se déroulent dans une société patriarcale où les hommes détiennent le pouvoir suprême mais ça ne transforme pas les femmes en passives qui attendent l'amour pour autant

Après peut-être que c'était "évident" à la lecture qu'elle parlait bien de la représentation des femmes illustres en 1949 (elle sait sûrement mieux que moi) mais j'ai l'impression qu'elle fait référence à la représentation des femmes illustres en général.
Surtout que pour le cas de Marie-Madeleine, Jésus ne la pas jugé il me semble.
J'imagine que tu fais référence au fait qu'elle serait une prostituée? En fait, dans la Bible ce n'est pas le cas, son personnage a été amalgamée avec celui d'une prostituée à qui Jésus pardonne pour la discréditer.
J'ai lu des trucs super intéressants sur Marie-Madeleine dont j'ai déjà parlé sur la VPS.
Le texte
L'Evangile de Marie a été découvert au 19e siècle, daterait du IIe siècle et raconte le point de vue de Marie Madeleine. Elle y apparait comme très proche de Jésus spirituellement et potentiel leader religieux. Cet Evangile décrit un conflit avec Saint Pierre qui n'accepte pas que Jésus ait pu confier des enseignements à une femme en secret.
L'Evangile ne fait pas partie du corpus biblique mais dans l'article ci-dessous (site de réflexion chrétienne), on explique que le document illustre un conflit entre deux courants chrétiens antiques, l'un acceptant les femmes (généralement décrit comme le mouvement gnostique) et l'autre non.
http://www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2011/arc_111125.html
Dans plusieurs textes antiques qui ne sont pas reconnus par l'Eglise, Marie-Madeleine est présentée comme un potentiel leader, une élève brillante du Christ et ces textes font dire à certains apôtres que Jésus l'aimait plus que ses autres disciples.
Apparemment, ces textes d'influence gnostiques représentaient aussi Pierre (le premier Pape) comme le plus farouche opposant à Marie-Madeleine et aux femmes en général.
Ce site résume un un autre texte antique :
http://www.womenpriests.org/fr/magdala/gnostic.asp
Pierre se plaint que Marie domine la conversation avec Jésus et prend l’avantage sur Pierre et sur ses frères apôtres. Il insiste pour que Jésus la fasse taire et est vite rebuté. Plus tard cependant, Marie reconnaît devant Jésus qu’elle ose à peine lui parler librement « parce que, dit-elle Pierre me fait hésiter ; il m’effraie parce qu’il hait les femmes!. Toutefois Jésus lui répond qu’une personne inspirée par l’Esprit reçoit l’ordre divin de parler et ce, qu’elle soit homme ou femme.
Cet article de theologie académique résume beaucoup de choses sur le personnage de Marie-Madeleine et c'est loin de se résumer à "Marie-Madeleine prostrée aux pieds du Christ qui les essuie avec ses longs cheveux de femme". Mais le sujet principal étant le mariage de Jésus, il faut le compléter.
http://www.cairn.info/revue-etudes-theologiques-et-religieuses-2006-2-page-167.htm